La droite et l’extrême droite officialisent leur alliance

Sarkozy, Retailleau et Wauquiez : trois représentant de l'alliance entre droite et extrême droite.

Le pitoyable livre que Sarkozy a écrit sur ses 20 jours dans une cellule VIP, intitulé «Le Journal d’un prisonnier», sortira le 10 décembre, publié par une maison d’édition du groupe Bolloré. Une partie des médias en fait déjà la promotion, et dévoile des extraits.

Les passages rendus publics battent des records de ridicule. L’ancien président ultra-répressif se plaint qu’en prison, le «gris dominait tout», qu’il y ait trop de bruit et qu’il ait mangé des laitages. Pourtant, d’habitude, ses partisans répètent partout que la prison c’est le «Club Med’», et réclament des peines toujours plus lourdes.

Surtout, Sarkozy utilise son récit de prison comme un manifeste politique, à la manière d’un petit moustachu du siècle dernier. Il explique qu’il a promis à Marine Le Pen qu’il ne s’associerait pas à un éventuel «front républicain» contre le RN en 2027, et qu’il souhaite un «rassemblement le plus large possible», «sans anathème». Ce serait donc un rassemblement derrière Le Pen au second tour de la prochaine présidentielle.

Nicolas Sarkozy dévoile aussi ses relations amicales avec la candidate d’extrême droite : il dit lui avoir téléphoné, et l’avoir remerciée pour son soutien après sa condamnation. Entre délinquants en col blanc, on se serre les coudes.

Il y a 20 ans, le Front National faisait campagne en critiquant «l’UMPS» : une contraction de l’UMP, le parti de Sarkozy, et du Parti Socialiste, insinuant qu’il s’agit d’un même mouvement qui était d’accord sur l’essentiel. La vérité, c’est qu’il y a un «LRN» : une hybridation entre Les Républicains et le Rassemblement National, qui veulent imposer en France un régime à la fois néofasciste et ultra-libéral.

Le 7 décembre, Bruno Retailleau, président des Républicains et ancien ministre de l’Intérieur de Macron déclare sur BFM : «Le Rassemblement national appartient à l’arc républicain, ce qui n’est pas le cas de La France Insoumise». Un parti fondé par des SS serait donc plus républicain qu’un mouvement de gauche dont le programme est comparable à celui du Parti Socialiste de 1981. Le mot «républicain» a été méthodiquement vidé de son sens, et même retourné : pendant longtemps, être républicain voulait dire être antifasciste. Maintenant, c’est quasiment l’inverse. Bernard Henri Levy, lui même proche de Sarkozy, estimait l’an dernier que «Mélenchon incarne aujourd’hui la principale menace pour la République, la démocratie et la France» et qu’«il faut diaboliser Mélenchon».

Il s’agit d’une opération de brouillage des repères politiques et de confusion délibérée. En juillet 2014 déjà, le député RN Laurent Jacobelli déclarait que «l’extrême droite s’appelle la France Insoumise», et Julien Odoul, autre élu du RN, estimait que le collectif antifasciste la Jeune Garde «est fasciste et séditieux d’extrême-gauche». Les héritiers politiques d’Hitler accusent les héritiers de la résistance d’être des fascistes, après les avoir accusé d’être antisémites. Les descendants de Pétain brandissent le mot «République» pour discréditer l’opposition. Plus rien n’a de sens.

Le 7 décembre, Retailleau a aussi accusé la France Insoumise de «brutalisation» de la vie politique, lui qui a déployé une répression d’une violence extrême contre les manifestations, menti à d’innombrables reprises et multiplié des propos racistes. En tant que Ministre, il avait même asséné que «l’État de droit n’est pas intangible», une authentique déclaration anti-républicaine. La position de Retailleau, qui appelle donc à s’unir avec le RN, n’est guère surprenante : il vient lui même d’un parti d’extrême droite, celui du vendéen Philippe de Villiers, et sur bien des aspects ses idées sont déjà plus réactionnaires encore que celles du RN.

Enfin, le minable Laurent Wauquiez, autre membre éminent de LR qui a détourné des sommes colossales à la tête de sa région pour s’offrir, avec ses copains, des restaurants luxueux à des prix indécent, ne cesse de militer pour une alliance avec Reconquête. Il plaide pour «une primaire de Gérald Darmanin à Sarah Knafo», donc une candidature d’union avec un parti néofasciste dont le représentant a été condamné plusieurs fois pour ses propos racistes. Il estime aussi à propos de Sarah Knafo : «J’ai beaucoup d’estime pour elle. Elle est talentueuse sur l’économie, la sécurité, l’immigration». En mai dernier, il disait déjà son admiration pour la dirigeante d’extrême droite italienne Giorgia Meloni, qui est selon lui un «modèle».

Après avoir été maintenue pouvoir grâce au «barrage républicain» des bonnes âmes de gauche, qui ont voté Chirac puis Macron par deux fois, la droite va donc s’unir avec l’extrême droite pour anéantir ce qu’il reste de la gauche. Vae victis.

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