Royaume-Uni : 8 militant·es de Palestine Action en grève de la faim, certain·es dans un état critique

6 portraits de prisonnier·es politiques en grève de la faim après 18 mois d'enfermement au Royaume-Uni.

C’est la plus grande grève de la faim de prisonniers politiques depuis celle des indépendantistes irlandais sous Margaret Thatcher, en 1981. À l’époque plusieurs militants de l’IRA – l’armée indépendantiste irlandaise – menés par Bobby Sands, avaient lancé une grève de l’hygiène puis une grève de la faim dans la prison de Maze, en Irlande de Nord. Ils protestaient contre leur condition de détention, la répression du mouvement républicain ainsi qu’un décret de 1976 remettant en cause le statut des prisonniers politiques des membres de l’IRA. La Première ministre britannique et son gouvernement, autoritaire et inflexible, avait laissé mourir de faim Bobby Sands et 9 de ses camarades, dans de terribles souffrances. L’IRA est une organisation qui pratiquait la lutte armée pour se libérer du joug de la couronne et décoloniser son territoire, elle a payé le prix du sang.

Aujourd’hui, l’Histoire bégaye outre-manche. 24 personnes sont emprisonnées en Grande-Bretagne pour leur soutien actif à la Palestine dans l’attente d’un procès. 8 militant·es pro-palestinien·nes détenu·es sont en grève de la faim. Trois d’entre-elles et eux ont déjà fait plus de 57 jours de jeûne. Toutes ces personnes sont soupçonnées par les autorités britanniques d’appartenir au groupe Palestine Action, organisation considérée comme terroriste et interdite chez nos voisins. Ils et elles ont cessé de se nourrir pour dénoncer leur incarcération, la complicité du Royaume-Uni avec Israël et la répression contre le mouvement de solidarité avec la Palestine.

Le collectif a revendiqué plusieurs actions de sabotage, notamment contre des entreprises militaires situées au Royaume-Uni, des sites d’armement qui produisent des armes et du matériel à destination du régime sioniste. Certain·es grévistes sont en détention provisoire depuis plus de 18 mois. C’est dans ce contexte répressif inouï, alors qu’Israël commet un génocide à Gaza et continue d’annexer les territoires palestiniens, que les militant·es enfermé·es ont commencé leur grève de la faim.

Sur le site officiel des Nations Unies, 7 rapporteurs spéciaux s’inquiètent de l’état de santé des prisonnier·es. Un article relate que les experts sont «profondément préoccupés» par la dégradation rapide de l’état de santé des détenu·es. Selon eux, ces dernier·es se trouvent à un «risque critique» de complications graves, allant de la défaillance organique à des lésions neurologiques irréversibles, en passant par des troubles cardiaques pouvant être fatals». De plus, ils alertent sur les conditions de prise en charge des 8 grévistes de la faim. Dans le communiqué les rapporteurs expliquent que les informations obtenues «soulèvent de sérieuses interrogations quant au respect du droit international des droits humains, notamment des obligations de protéger la vie et de prévenir les traitements cruels, inhumains ou dégradants».

De leur côté, les dirigeants britanniques font la sourde oreille. Une attitude dans la droite ligne de la répression des mouvements pro-palestiniens en Angleterre, et du durcissement pénal contre les luttes écologistes, antiracistes et anticolonialistes dans ce pays. Le groupe Palestine Action, qui mène des actions non-violentes – c’est-à-dire ne portant aucune atteinte à des êtres humains – mais matériellement offensives de désarmement a d’ailleurs été interdite et classée comme «terroriste» depuis juillet dernier. Le simple fait d’arborer un symbole sur un vêtement, comme un drapeau portant le nom de l’organisation, est passible de 6 mois de prison. En riposte, des centaines de milliers de Britanniques avaient affiché le slogan «Nous sommes tous Palestine Action !» Et la police avait arrêté de nombreux·se manifestant·es arborant ce slogan dans la rue.

Si rien n’est fait, les grévistes risquent de perdre la vie dans les prochains jours. Il est de notre devoir de faire entendre à l’international la voix de celles et ceux qu’on entend pas et de mettre la pression sur le gouvernement britannique. Soutien aux grévistes et à toutes les personnes qui luttent pour la libération de la Palestine.

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