Politique spectacle, politique macabre


Réflexions sur les évènements de Nantes


Depuis hier, le grand cirque médiatique se concentre sur la ville de Nantes, essayant de nourrir la psychose sécuritaire.

Le 22 décembre au soir, un charentais de 37 ans, Sébastien S. fonce sur la foule qui se masse au marché de Noël, Place Royale, en plein cœur de la ville. L’accident volontaire, lâche et criminel, provoqué par un dépressif, fauche 10 personnes. Les témoins s’accordent à dire qu’il n’est suivi d’aucune revendication, d’aucun cri. D’autres affirment que le conducteur tremblait, qu’il semblait ivre.

Immédiatement, tout un engrenage médiatico-policier se met en place dans l’hyper-centre. Les journalistes affluent, caméras et carnets en mains. Le marché est évacué, des Gendarmes Mobiles bouclent toute la Place Royale et plusieurs rues adjacentes. Des flics en civil sont présents partout.

Cazeneuve, le ministre de l’intérieur annonce sa venue : le GIPN rôde autour de la place, des tireurs d’élite sont aperçus sur les toits. Le PS est bien décidé à surfer sur l’évènement, à alimenter la psychose. Les mêmes qui laissent des familles endeuillées par la police dans les quartiers populaires se précipitent pour monter en épingle cet événement grave – qui a malheureusement provoqué la mort d’un jeune homme.

Une dépanneuse est positionnée tôt dans la soirée au bout de la rue de la barillerie pour enlever la camionnette blanche de la place Royale. Elle attendra l’allocution de Cazeneuve, ses services de communication ayant probablement exigé que le véhicule soit en toile de fond pour son interview.

Les flics enragent quand quelques invectives fusent contre le ministre du haut d’immeubles du quartier.

L’interview se termine. Une file d’une vingtaine de berlines de luxe noires aux vitres teintées, parfaitement lustrées, passe à grande vitesse, gyrophares allumés, sur le Cours des 50 Otages. Le ministre entouré par un convoi de haute sécurité accompagné de la hiérarchie policière locale.

Quelques minutes plus tard, l’ambiance de guerre s’évapore subitement. La camionnette est enlevée par la dépanneuse, les policiers disparaissent, la place redevient accessible. Plus aucune trace du drame.

Les médias ont eu ce qu’ils voulaient.

Il n’en reste pas moins que cette illustration nantaise de la politique-spectacle sème la psychose, joue sur les peurs. Quoi de plus efficace qu’un tel événement en période de Noël pour renforcer plus encore l’arsenal sécuritaire ?

Une surenchère entre le PS et le FN sur la fermeté à avoir face au terrorisme est déjà lancée. La maire de Nantes annonce ce matin encore plus de flics sur le Marché de Noël.

Pour rappel, tous les ans en France, plus de 500 personnes meurent d’accidents du travail.

Une dizaine d’autres tombent sous les coups de la police.

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