Après la mort de Rémi Fraisse et des journées de révolte qui ont suivi, les écologistes ont réclamé une commission d’enquête parlementaire sur le maintien de l’ordre.
Pendant les mois qui ont suivi, l’immense majorité des invités aux auditions étaient des gendarmes, des CRS, des policiers, le ministre de l’intérieur, des préfets … Les forces de l’ordre ont pu répandre leurs mensonges sans aucune contradiction à l’assemblée nationale, alors même que la commission avait été lancée suite à la mort d’un manifestant !
Les vidéos des auditions ici : http://videos.assemblee-nationale.fr/commissions.maintien-de-l-ordre-ce
La commission vient de rendre son rapport. Il dépasse l’entendement tant il est cynique : la commission préconise un renforcement de l’arsenal sécuritaire et porte directement atteinte à la liberté de manifester.
Médiapart revient sur le contenu du rapport : http://www.mediapart.fr/article/offert/55b61893b09aa304036b4fee04f954c8
«La commission d’enquête parlementaire sur le maintien de l’ordre, créée après la mort de Rémi Fraisse, propose de créer une interdiction administrative de manifester pour les personnes signalées par les services de renseignement. Un droit constitutionnel est directement menacé.»
Cette proposition arrive harmonieusement juste après la loi de renseignement. Les pleins pouvoirs sont donnés aux services de surveillance qui pourront faire interdire toute manifestation qu’ils estiment «potentiellement violente». C’est officiellement la fin du droit de manifester.
Sur le terrain, les morts et mutilations risquent de se multiplier car les policiers seront amenés non seulement a faire des arrestations préventives d’individus jugés «suspects» pour les empêcher de manifester, mais aussi à interdire par la violence les rassemblements qui se tiendront malgré l’interdiction. Les dispositifs d’exceptions qu’on a vu à Nantes ou Toulouse vont devenir la norme.
Noël Mamère, pourtant président de la commission d’enquête a voté contre le rapport, rédigé par Pascal Popelin du PS. C’est un fait rarissime.
Et sur le flashball ?
Comme après la mort de Rémi Fraisse, l’enfumage est à son comble. Le rapport préconise de «limiter strictement» l’usage du flashball superpro. Bonne nouvelle ? Non, car cette première génération de flashball peu précise est remplacée depuis près de 10 ans par les Lanceurs de Balles de Défense (LBD40), plus précis et plus puissants. Les LBD sont classés armes de catégorie A (arme à feu à usage militaire). Ces LBD ont notamment mutilé 4 manifestants à Nantes ces dernières années.
« Un rapide tour d’horizon des pratiques de nos voisins montre que seules la France et l’Espagne utilisent ces lanceurs lors de manifestation. Et encore, en Espagne, «les deux forces de police d’État se préparent à l’interdiction des balles de défense de 54 et 44 mm». » Explique Médiapart.
Et le PS a décidé de généraliser ces armes chez les force de l’ordre.
Cette opération rappelle celle menée par Cazeneuve, qui annonçait la suspension des grenades OF F1 après la mort de Rémi tout en maintenant le reste de l’arsenal tout aussi dangereux (Grenades Instantanées, Grenades de Désencerclement).
La situation est très grave. Non seulement la police n’est pas désarmée ni punie pour ses violences, mais le pouvoir utilise désormais la mort d’un manifestant pour augmenter encore considérablement son dispositif policier et sécuritaire. C’est tout simplement du jamais vu.