Les policiers nantais sont devenus des professionnels de la communication, pour essayer de compenser la colère légitime provoquée par leurs violences répétées et impunies à Nantes : création d’un Twitter «humoristique», visite guidée du commissariat, tribunes dans la presse… Les experts en marketing ne savent plus quoi inventer pour essayer de faire aimer la police de cette ville
Ainsi, Presse Océan a publié hier, 6 juillet, une énième tribune promotionnelle pour la police nantaise. Les flics, qui avaient déjà l’habitude de travailler avec la Tan pour arrêter les fraudeurs et les sans papiers, ont organisé une conférence de presse dans un tramway, officiellement pour lutter contre les cambriolages, mais en réalité surtout pour occuper le devant de la scène médiatique.
Dans cet article, un gentil policier en chemisette bleue, prenant la pause dans la rame, apparaît tout sourire. À qui appartient cette frimousse rassurante ?
C’est celle de Jean Christophe Bertrand, chef des flics nantais, responsables des mutilations de manifestants qui s’enchaînent à Nantes depuis 2014. Trois yeux perdus le 22 février suite à des tirs de balles en caoutchouc, un nez arraché le 1er novembre, de nombreux blessés à la tête ou au corps par les armes de la police en 2014 et 2015… Les manifestations suite à la mort de Rémi Fraisse à Nantes ont subi le déploiement de centaines de policiers qui avaient attaqué délibérément celles et ceux qui défilaient.
En avril 2014, ce charmant chef des policiers assumait fièrement les violences policières, et avait même déclaré à Médiapart, à propos des trois mutilations à vie causé par ses hommes lors de la manifestation anti-aéroport – un événement unique dans l’histoire des manifs en France :
- «Ceux qui prennent le risque de s’en prendre aux forces de l’ordre s’exposent eux aussi à des dommages corporels, Si l’on a équipé les forces de l’ordre d’armes non létales, c’est pour éviter que les fonctionnaires n’aient recours à des armes conventionnelles (armes à feu, ndlr).»
- «On peut considérer que trois blessés au visage c’est beaucoup, mais il faut rapporter ce chiffre au nombre de manifestants.»
Jean Christophe Bertrand avait évidemment voulu «marquer tout (son) soutien aux fonctionnaires» et allait même jusqu’à justifier les tirs de flashballs sur les journalistes :
- «Quand des journalistes sont mélangés aux casseurs, c’est assez difficile de séparer le bon grain de l’ivraie. Dans le feu de l’action, il n’est pas facile de trier.»
Un homme délicieux donc.
Nous félicitons au passage les journalistes de Presse Océan qui préfèrent défendre la police plutôt que leurs propres collègues. La presse locale et la police nantaise forment décidément une grande famille soudée.