Nantes il y a 30 ans, la Justice prise en otage


Les19 et 20 décembre 1985 : le tribunal de Nantes est l’épicentre de l’actualité nationale et internationale


En ces jours de décembre, deux détenus qui passent en procès, Georges Courtois et Patrick T., aidés par un complice Abdelkarim K. prennent en otage pendant 36 heures la salle d’Assise du Tribunal de Nantes, situé Place Aristide Briand. Georges Courtois est un enfant du Nantes populaire, un fils des quartiers pauvres du centre ville, détruits aujourd’hui. Il est emprisonné dès l’adolescence pour quelques vols, puis pour des braquages. Après avoir passé trop d’années derrière les barreaux, il décide de «serrer» les magistrats lors d’un de ses procès. Le coup d’éclat fonctionne.

Les trois malfaiteurs retiendront les magistrats nantais et quelques étudiants dans le temple de la Justice pendant près de deux jours, sous le regard des caméras du monde entier. A intervalle régulier, Courtois sort du tribunal, cigarette à la bouche, menotté au président du tribunal, et tire quelques balles en direction des flics et des journalistes. Les images marquent l’histoire nantaise. L’objectif ? «Faire le procès de la prison et de la justice». L’équipe donne même des des interviews et se moque des flics pendant la prise d’otage.

Le président de la cour d’assise va finir par reconnaître, lors de la prise d’otage, une fois sa robe noire enlevée, qu’il est «inhumain» de priver un détenu de voir sa famille.

Le RAID, unité d’élite qui vient d’être créée, connaît sa toute première intervention au tribunal de Nantes. Finalement, l’évasion en avion depuis l’aéroport de Nantes est un échec, et les trois complices sont arrêtés. Ils prendront 20 ans de réclusion, mais auront réussi à renverser pour quelques heures le rapport de force face à la justice.

Comble de l’histoire : aujourd’hui, ce tribunal a été transformé en hôtel 4 étoile, et la chaîne hôtelière de luxe qui gère l’établissement utilise cet épisode majestueux comme un argument marketing, offrant même à Courtois la possibilité de venir boire des verres gratis.

En 2015, Nantes reste une ville ou l’on salue un monsieur qui a braqué un procureur et un président de cours d’Assises avec un 357 Magnum.


Courtois vient de publier ses mémoires : Georges Courtois, Aux marches du palais, Paris, Éditions Le nouvel Attila, 2015

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