À Nantes, un laboratoire du contrôle


C’est à Nantes que se trouve l’un des plus gros laboratoires français du contrôle policier !


La presse locale l’avait annoncé avec gourmandise début décembre : l’Institut Génétique de Nantes Atlantique vient d’investir des nouveaux locaux encore plus grands et performants, à Saint-Herblain. Jusqu’alors, ce gros laboratoire était situé sur l’île de Nantes, à quelques pas du Tribunal, en plein centre. Pourtant, à Nantes, qui savait que c’est dans notre ville que se trouve la plus grande entreprise française dans le domaine du contrôle et du fichage ? Bien peu de monde.

L’Institut Génétique de Nantes Atlantique, qu’est ce que c’est ?

Il s’agit du laboratoire des supers experts de la police, qui extraient et analysent l’ADN trouvé sur les « pièces à conviction », et qui stockent l’immense masse de données ADN récoltées notamment sur les gardés à vue. Ces scientifiques sans qui le travail de fichage méthodique de la population serait impossible – le profil de près de 3 millions de personnes est aujourd’hui fiché en France. C’est aussi un laboratoire privé, illustration de la privatisation accrue de la sécurité, et des profits gigantesques offerts par les politiques sécuritaires.

En 2013, le journal Métro décrivait «une trentaine de techniciens et d’experts» qui officiaient «dans l’ombre, derrière les forces de l’ordre et la justice». Ces «experts» seraient à la pointe du travail d’analyses des ADN récoltées par la police au niveau national, car ce laboratoire, fut le premier à miser sur le business juteux de l’analyse génétique en France ! Des centaines de milliers de données ADN sont analysées et stockés ici, à Nantes, soit «des dizaines de milliers d’objets chaque année».

«Des tribunaux des quatre coins de la France sollicitent désormais l’institut», explique en 2015 le journal 20 Minutes, pour souligner l’importance et l’ampleur du laboratoire. Et cette logistique du contrôle ne cesse de croitre : le journal évoque des «techniques de plus en plus perfectionnées», qui ont permis d’établir «plus d’un million de profils génétiques». Les apprentis sorciers vont désormais bien au delà de la simple analyse, il sont en train de travailler sur la mise en place de «portraits-robot génétiques» pouvant «déterminer la couleur des yeux, des cheveux, et l’origine ethno-géographique d’une personne»…

Vers une extension des services de surveillance

L’Institut Génétique de Nantes Atlantique n’a pas seulement le monopole de l’analyse ADN, il a su s’étendre dans les autres domaines du flicage. En plus du stockage des empreintes digitales et génétiques, le site de l’entreprise propose des services de «comparaisons d’écriture», de «transfert de technologie», et pire, de surveillance «informatique/téléphonie/GPS». Le laboratoire sait «très bien s’infiltrer dans toutes sortes d’appareils électroniques. À l’aide de dizaines d’adaptateurs, des techniciens en informatique font apparaître, en quelques secondes, des milliers de données stockées» et peuvent géolocaliser des suspects, écrit 20 Minutes. Une polyvalence du flicage en somme.

Il s’agit donc d’un véritable musée du contrôle total réuni dans une seule et même enseigne… située dans notre belle ville !

On savait que la ville de Nantes était en pointe en matière de répression violente des manifestations, comme on l’a vu ces dernières années, mais il s’agit aussi d’une métropole innovante dans le domaine du contrôle scientifique et du fichage. De sérieux atouts économiques en période d’État d’Urgence.


Sources :

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