26 juin : avec ou sans vote, défendre la ZAD

Depuis 2012, le gouvernement a tout essayé pour anéantir la ZAD et ses occupants. Il ne s’agit pas tant pour ceux qui nous gouvernent d’imposer un énième projet d’aménagement inutile, coûteux et dévastateur. Il s’agit surtout de détruire une expérimentation politique et sociale, une organisation collective autonome et sans rapports marchands, échappant au contrôle de l’État : une Commune. En effet, celles et ceux qui occupent la ZAD prouvent depuis des années qu’il existe une alternative concrète et désirable au désastre capitaliste. C’est bien cela qui est insupportable pour les ministres, les élus locaux, les policiers en tous genre et autres journalistes.

En avril 2016, Valls dévoilait sa pensée à propos des élections présidentielles, en reprenant les mots de Margaret Thatcher : «il n’y a pas d’alternative à gauche».

Le gouvernement a donc d’abord essayé d’employer la force, avec une attaque militaire de la zone à l’automne 2012 mettant en œuvre des moyens colossaux, un quadrillage militaire du bocage nantais, et provocant des centaines de blessés. Sans succès. La résistance acharnée sur le terrain et dans les rues de Nantes avait provoqué l’abandon de cette grande opération de répression.

Le gouvernement a ensuite tenté d’imposer la légitimité de son projet à coups d’arguments juridiques, avec un long épisode l’hiver dernier fait de procès médiatiques et de venues d’huissiers sur la zone pour notifier leur expulsion prochaine aux paysans expulsables. Nouvel échec : le blocage à deux reprise du périphérique de Nantes par des dizaines de milliers de manifestants et la fortification de la zone ont a nouveau fait reculer les assaillants.

Après cette série de revers, le gouvernement dégaine donc son ultime arme : la démocratie. Dimanche 26 juin, au terme d’une campagne passée relativement inaperçue, les habitants de Loire-Atlantique voteront pour savoir s’ils veulent «oui» ou «non» un aéroport à Notre-Dame-des-Landes. En réalité, cette consultation biaisée est ouvertement considérée par le premier ministre comme un vote de légitimation, qui ferait accepter une bonne fois pour toute, sans discussion possible, une attaque de la zone et le bétonnage du bocage dans la foulée. Pire, Manuel Valls déclarait cette semaine à l’assemblée nationale à propos du référendum : «Je veux également rappeler que quel que soit le résultat, les personnes qui occupent illégalement des propriétés devront partir».

Cette ultime provocation, à quelques jours du vote, prouve que l’enjeu pour le pouvoir est bien de détruire ce qui s’expérimente sur la ZAD, reléguant la question de l’aéroport au second plan.

Du reste, si une expulsion de la ZAD pouvait paraître improbable à la rentrée, alors que la campagne présidentielle commencera et que le PS aura tout intérêt à unir les forces de gauche, les dernières déclarations de Valls sur un début des travaux en octobre prochain et la fuite en avant autoritaire délirante du gouvernement depuis le mois de mars, pour imposer une «loi travail» unanimement rejetée, font craindre toutes les hypothèses.

Que faire le 26 juin ? Le choix semble piégé. Il est aussi difficile de faire du boycott du référendum un impératif que d’espérer quoique ce soit du résultat de la consultation. Voter peut donc être un choix tactique. La victoire du «non» n’empêcherait probablement pas une tentative d’expulsion, mais donnerait plus de force au mouvement en cas d’invasion policière de la ZAD dans les mois à venir, et délégitimerait le pouvoir. Une victoire du «oui» ne devrait cependant pas anéantir l’esprit de résistance qui s’enracine dans le bocage nantais, et qui a su faire reculer le rouleau compresseur gouvernemental à plusieurs reprises ces dernières années.

Quoiqu’il arrive, après le 26 juin, la lutte continue !

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