Après 5 manifestations purement et simplement interdites par le préfet, la nasse policière qui avait empêché le défilé précédent et les événements de Paris, la tenue d’une nouvelle manifestation à Nantes n’était pas gagnée. Le premier point positif de la journée du 28 juin est donc d’avoir pu reprendre la rue. Dans l’après-midi, 5000 personnes défilent malgré le début de l’été, la fatigue, la longueur du mouvement et les intimidations policières. En chemin, les rues reprennent la parole.
En revanche, la police profite de l’accalmie de la lutte pour importer les stratégies parisiennes de répression, en défilant sur les côtés du cortège, à quelques mètres des manifestants. Une première assez désagréable. Un dispositif de centaines de casqués appuyés par un canon à eau et un hélicoptère semblait bien décidé à ne rien laisser déborder. Au terme d’un parcours convenu, très court, une partie importante de la manifestation décide, comme d’habitude, de continuer à défiler. Mais immédiatement, un rouleau compresseur bleu avance sur le cours des 50 Otages et rabat le cortège vers la préfecture. Pas de manifestation sauvage.
Le 28 juin est aussi une journée de reprise en main syndicale d’un mouvement qui avait très largement débordé des cadres habituels depuis des semaines. Avant même le début de la manifestation, des flics des renseignements devisent tranquillement et serrent la main de membres du service d’ordre de la CGT. Un peu plus tard, quelques syndicalistes iront agresser des manifestantes masquées et des tagueurs – une première depuis le mois de mars ! Juste avant le défilé, les responsables syndicaux enchaînent les discours de condamnation et de désolidarisation vis-à-vis des «casseurs». Autre symptôme inquiétant : on voit même quelques petits politiciens de l’UNEF ou des JC, qui avaient heureusement déserté les rues depuis des mois, réapparaître devant les caméras. Il n’y aura pas non plus de cortège de tête autonome et déter’, contrairement aux manifestations précédentes. Bref, un recul par rapport aux complicités tissées, y compris avec de nombreux syndiqués, depuis le mois de mars. Tant pis, les solidarités acquises ces dernières semaines ne s’effaceront pas à cause de quelques discours.
Et si la manifestation du 28 juin n’a pas été aussi enthousiasmante que les folles journées de mars, avril ou juin, elle a prouvé que la lutte était loin de décliner à Nantes comme ailleurs. Ce n’est donc que la fin d’une première saison d’agitations et de résistances.
Rien n’est fini ! La suite s’écrira au cours de l’été, et la finale aura lieu à la rentrée, fin août, pour l’université d’été du PS à Nantes.