Une guerre presque invisible mais quotidienne fait rage en Europe depuis des années. Une guerre qui fait des centaines de morts, qui met des enfants dans la rue. Une guerre ou l’on enferme des familles. Ou l’on déplace des populations indésirables. C’est celle menée par l’Europe forteresse, celle qui met des barbelés à ses frontières et opère une chasse systématique aux migrants. Cet été, les rafles, les expulsions et les noyades dans la méditerranée se sont succédé à un rythme particulièrement violent. Retour sur ces dernières semaines.
Paris : harcèlement policier contre les réfugiés
On nous a répété jusqu’à l’écœurement que les forces de l’ordre étaient épuisées par les dispositifs antiterroristes. Le gouvernement socialiste n’hésite pourtant pas à utiliser des centaines de policiers, quotidiennement, uniquement pour chasser les migrants qui campent dans la rue. Depuis le mois de juillet, « quasiment plus un jour ne passe sans qu’une intervention de police ait lieu aux abords du métro Jaurès » écrit un hebdomadaire. En plein été, une gigantesque opération policière avait démantelé un camp de fortune rassemblant 2500 personnes dans Paris, détruisant les tentes et éparpillant les migrants. Depuis, c’est une logique de harcèlement qui s’impose. Contrôles, gaz, coups, charges, arrestations. La police à même nassé une manifestation de soutiens aux migrants le 6 août. « En plus de faire la chasse aux migrants, on franchit un cap dans la criminalisation de la solidarité, c’est très grave » expliquait un des organisateurs en sortant de garde à vue.
http://www.liberation.fr/debats/2016/08/09/refugies-la-violence-de-l-etat-doit-cesser_1471297
Calais : les morts s’amoncellent en silence
Au point de passage entre la France et l’Angleterre, les drames perdurent depuis des mois. Depuis l’automne dernier, des centaines de CRS sont positionnés autour du camp où résident des milliers d’exilés dans des conditions effroyables, et gazent à échéance régulière les habitations. En juillet, 4 exilés sont morts aux portes de l’Angleterre, dont une Erythréenne de 17 ans, percutée par un camion sur la rocade portuaire. Une vie volée dans l’indifférence générale. 37 réfugiés sont morts à Calais depuis 2015. En août, la préfecture a tout simplement décidé de faire fermer les boutiques du bidonville, qui vendaient des produits de première nécessité. La police est allé jusqu’à voler les marchandises, notamment alimentaires, pour désespérer totalement ceux qui s’obstinent à fuir la guerre ou la pauvreté.
Vintimille : les réfugiés tentent de passer la frontière
Autre frontière française : celle qui sépare la France et l’Italie, à Vintimille. Le 4 août, des centaines de réfugiés cantonnés dans un camp en Italie tentent de passer en France. Certains tentent une traversée à la nage, et débordent le dispositif policier. En réponse, la répression est forte. Une chasse à l’homme mène à l’arrestation et l’enfermement de 144 exilés. Ici encore, les militants apportant leur soutien aux réfugiés sont arrêtés, et les journalistes sont éloignés.
Grèce : la gauche expulse
Thessalonique, au Nord de la Grèce. Trois bâtiments occupés, notamment pour héberger des familles d’exilés, sont expulsés par la police. Fin juillet, le gouvernement Tsipras a décidé d’évacuer les lieux et arrêter les militants qui les occupent. Les migrants quant à eux, sont jetés à la rue ou concentrés dans des camps indignes. Certains de ces squats étaient des lieux d’organisation et de solidarité importants depuis des années en Grèce, et avaient résisté aux gouvernements précédents, notamment de droite. C’est donc la gauche radicale qui choisi d’écraser les espaces d’auto-organisation et qui réprime les solidarités, bien plus durement que la droite. En réponse, une quinzaine de locaux de Syriza sont attaqués, et des migrants entament une grève de la faim dans les camps de Lesbos.
http://blogyy.net/2016/08/07/lettre-ouverte-a-alexis-tsipras-et-a-son-gouvernement/
Et à Nantes ?
Dans notre métropole socialiste aussi, la police traque les migrants et ceux qui les soutiennent. En 2012, le Lieu Unique occupé par des familles sans toit était évacué par des centaines de CRS. Depuis, de nombreux espaces ouverts pour accueillir des migrants ont été expulsés. Au mois de juillet, un bâtiment vide est réquisitionné pour héberger des mineurs isolés étrangers, laissés à la rue alors que l’État est tenu de les prendre en charge. La police expulse le bâtiment en dehors de toute procédure légale. Déjà, en janvier, un autre bâtiment public laissé vide depuis des années à Chantenay avait été expulsé, et les militants qui l’occupaient placés en garde à vue et poursuivis en justice. Le message est clair : briser les solidarités. En attendant, des dizaines d’adolescents réfugiés sont laissés seuls dans les rues de Nantes.