Nous sommes de la génération qui avait l’âge de Zyed et Bouna en 2005. L’âge de Rémi en 2014. L’âge d’Adama en 2016.
Une génération prise en étau entre les attentats, le harcèlement des flics et des rêves beaucoup trop grands. Celle qui ne croit plus aux mensonges des médias, qui n’écoute plus les politiques, qui n’a jamais rien attendu des élections. Celle qui ne vote pas mais subit de plein fouet les attaques des puissants. Celle des lycées pro, destinée à se faire exploiter. Celle qui gratte les cours. Celle qui s’enlise sur les bancs de la fac ou dans des boulots précaires. Celle qui est née sur une planète à l’agonie.
La génération qui s’est retrouvée dans la rue au printemps.
La génération qui relève la tête, alors que celle de ses parents a accepté tous les reniements sans broncher. Celle qui crie qu’elle déteste la police depuis le mois de mars et qui défile masquée derrière des banderoles. Celle qu’on croise sur des barricades à la ZAD ou en train de taguer la métropole. Celle qui part en taule pour avoir mis une béquille à un flic. La génération qui reçoit des interdictions de manifester, ou des éclats de grenades dans les jambes, le ventre ou le visage. Celle qui ne veut pas de retour à la normale, et qui compte retourner dans les rues.
La génération qui a pris conscience de sa force et qui défie l’avenir.