Le Christ, le Roi, et les bonbonnes de gaz


Que fait l’extrême droite intégriste à Nantes ?


«Émotion autour de 30 bonbonnes de gaz». C’est un titre paru dans le quotidien local Ouest France, le 21 septembre. Retour sur les faits. Lundi 19 septembre, un homme sillonne la métropole pour acheter, en deux fois, dans deux magasins différents, 30 bonbonnes de gaz. : «20 de propane, 10 de butane». «Les quantités achetées par ce client ont éveillé les soupçons d’une station service nantaise, la police a déboulé», raconte le journal.

Inquiétude en cette période d’état d’urgence. Le suspect est allé stocker son importante cargaison «à côté d’une petite chapelle nantaise, rue d’Alonville». On songe immédiatement au djihadisme, à l’attaque de Rouen. Ou à l’attentat raté de Notre-Dame-de-Paris.

Il n’en est rien. Le suspect est en fait un proche de l’abbé de cette «petite chapelle». Ce dernier est entendu par la police. Il confirme «avoir donné l’autorisation à cet homme qu’il connaît très bien». Pourtant, les versions de l’homme d’Église et du suspect divergent. L’abbé évoque un achat destiné aux «nécessiteux», l’acheteur au contraire parle de des bonbonnes qui doivent servir à chauffer sa propriété. Étrange. Conclusion de l’article : «Rien ne laisse penser à un projet dangereux». Pas de motif. Pas de précision. Pas d’affolement. Sujet suivant.

Pourtant, Ouest-France oublie une information de taille : la «petite chapelle nantaise» en question est un lieu très particulier. Cet endroit porte un nom : la «Chapelle du Christ Roi». Elle est l’un des rares lieux en France et dans le monde à abriter un lieu de culte «sédévacantiste». De quoi s’agit-il ? Les sédévacantistes sont les catholiques ultras, la ligne la plus extrême des croyants traditionalistes. Plus radicaux que les intégristes, ils ne reconnaissent pas l’autorité du Pape, considéré comme trop «moderniste». La communauté, particulièrement bien implantée à Nantes, dispose d’une école, qui va de la maternelle à la 4e. Groupusculaire, ce courant ultra-radical du traditionalisme religieux – d’influence maurrassienne et royaliste – possède 20 lieux de cultes en France. Dont 3 dans la région nantaise.

Plusieurs questions :

  • Que fait l’extrême droite religieuse nantaise avec de telles quantités de gaz inflammable ?
  • Pourquoi le quotidien local Ouest-France n’explique-t-il pas à ses lecteurs que le suspect est un individu proche de l’extrême droite traditionaliste, qui stocke des dizaines de bouteilles de gaz avec la complicité d’un abbé intégriste ?
  • Comment la police nantaise peut-elle affirmer si rapidement qu’un tel événement ne laisse «pas penser à un projet dangereux» ?
  • Quelle serait la couverture médiatique de Ouest-France, et du reste des médias, si un musulman intégriste était allé stocker 30 bonbonnes de gaz derrière une mosquée radicale, avec l’accord d’un imam ? Ou si un groupe de militants – anti-aéroport par exemple – avait été interpellé avec une telle cargaison ?
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