Il se passe quelque chose en France. Cette campagne présidentielle hors norme est rythmée par une succession de scandales financiers, de crimes policiers et de vagues de révolte. Le discrédit de la classe politique atteint aujourd’hui son paroxysme, sur fond de corruption et d’intrigues politiques. De Sarkozy à Valls et Hollande, ceux qui ont exercé le pouvoir ont été balayés méthodiquement, quand ils n’ont pas directement été giflés ou enfarinés. A droite, c’est la surenchère pétainiste qui domine pendant qu’à gauche, le PS n’en finit plus de succomber. Aucun des deux partis de gouvernement n’est assuré d’atteindre le second tour, et les favoris de la présidentielle sont le duo médiatique improbable, composé d’un banquier et d’une raciste. Le tumulte politique s’accompagne d’une crise de régime.
Ces dernières semaines on été ponctuées par le viol de Théo à Aulnay-sous-Bois et la mort de Liu Shaoyo, ce père de famille chinois tué à Paris, à son domicile par la police. A chaque fois, la violence des forces de l’ordre et la colère qu’elle suscite se sont invitées au cœur d’une campagne sur fond d’état d’urgence. Dans les banlieues comme devant les lycées, le feu couve.
La parenthèse politique ouverte au printemps dernier, pendant les mois d’opposition à la loi travail ne semble pas s’être totalement refermée. Pour preuve, l’annulation de l’université d’été du Parti Socialiste à la rentrée, les blocages lycéens cet hiver, et la succession de perturbations qui accompagnent les déplacements des candidats. Le FN ne peut plus tenir de meeting dans une grande ville sans provoquer d’émeute. Le candidat de droite doit ruser pour éviter les concerts de casseroles. Des Carnavals contre les élections sont organisés partout en France. Certains politiciens vont jusqu’à parler d’un « climat de guerre civile ».
C’est dans ce contexte incertain que s’ouvre une nouvelle séquence politique à partir du dimanche 23 avril. Quels que soient les deux finalistes du spectacle électoral, nous aurons toutes et tous une bonne raison de nous retrouver dans la rue, plutôt que d’assister, médusés et isolés à la soirée électorale devant un écran.
À Nantes, il s’agira de réunir les colères qui se sont trouvées dans la rue ces dernières années, lors des manifestations contre l’aéroport, le racisme ou les violences policières, jusqu’aux forces qui se sont mises en mouvement au printemps dernier.
Syndicalistes, lycéens, étudiants, chômeurs, votants ou abstentionnistes, rendez-vous à 18H, Place du Bouffay
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