«Invité à investir l’avant-scène, Nicolas Darrot y déploie un grand drapeau noir en référence à BLKNTRNTL, nom de code de Black international, premier groupe anarchiste de Londres à la fin du 19e siècle. L’oriflamme en soie noire satinée, tel un voile nocturne, surplombe la moitié de la salle.[…] Flottant dans l’espace, telle une icône brandie, ce drapeau noir – dans la lignée de sa symbolique anarchiste – peut être perçu comme menaçant ou vindicatif.»
Le Voyage à Nantes, 2017.
«La culture doit être insérée dans l’économie»
Jean-Marc Ayrault, 1989.
Cet été, la Métropole rejouera à grand coups de millions d’euros, comme tous les ans, son grand festival d’art contemporain : le Voyage à Nantes. Destiné à attirer les touristes et les investisseurs, l’événement s’accompagnera, comme tous les ans, d’un nettoyage systématique des rues du centre-ville, d’une chasse aux pauvres, et d’une présence policière accrue. En 2015, le Voyage à Nantes avait, en guise d’œuvre «in situ», ouvert un faux squat investi par des graffeurs subventionnés. Alors même qu’un «vrai» squat hébergeant des familles sans logement était expulsé par la police, ce lieu, baptisé «Villa Occupada » en référence aux mouvements sociaux espagnols, accueillait des touristes qui pouvaient y contempler des fresque reprenant les codes des luttes, notamment des références au mouvement anti-aéroport ou au zapatisme.
Le programme de l’édition 2017 du Voyage à Nantes vient de sortir. Cette fois ci, c’est le drapeau noir qui est mis à l’honneur dans un théâtre bourgeois du centre ville. Un étendard «anarchiste», «menaçant et vindicatif». Après avoir gazé, matraqué et blessé des manifestants par centaines au printemps dernier, jeté en prison ou assigné à résidence, renforcé l’état d’urgence, le Parti Socialiste en guise d’outrage ultime, se réapproprie par l’art la symbolique des luttes.
Jeu concours, toi aussi propose une œuvre d’art subversive et ludique pour le Voyage à Nantes 2018 :
- Une voiture de police éco-responsable en feu.
- Une barricade en faux pavés équitables sur le cours des 50 Otages.
- Des tags anarchistes “ludiques et créatifs” sur la mairie de Nantes.
- Un atelier participatif de destruction de banques.
- Autre.