Occupations solidaires : la fac en ébullition

Alors que plusieurs bâtiments sont occupés à l’université de Nantes pour héberger des jeunes exilés à la rue, la semaine qui vient de s’écouler a été tumultueuse et pleine de rebondissements. La présidence de l’université a effectivement demandé à la préfecture d’organiser l’expulsion policière du campus. Elle a même fermé administrativement un bâtiment central en vue d’une intervention des forces de l’ordre. Mardi, le président de la fac diffusait un communiqué anxiogène et menaçant, évoquant des “barricades”, “des liens avec la ZAD”, et des “interventions sauvages dépassant la questions des migrants”, pour justifier une expulsion imminente.

En réaction, des centaines d’étudiants se sont rassemblés spontanément sur la fac. L’équipe dirigeante de l’université a même été « retenue » pendant quelques heures dans une salle du Pole Étudiant ! Le lendemain, un autre rassemblement réunissait encore beaucoup de monde, et des enseignants appelaient à la grève en cas d’expulsion ! En parallèle des dons affluent de partout, et les appels à soutien sont de plus en plus nombreux. Bref, le mouvement gagne en force.

Face à cette mobilisation inédite, la présidence, piteuse, a levé son ultimatum, et retiré sa demande d’intervention auprès de la préfecture. Mais il est probable qu’elle attende que la fac soit moins agitée pour réclamer à nouveau un assaut policier. Ce vendredi matin, des étudiants en géographie ont donc décidé d’amplifier le rapport de force, en bloquant plusieurs amphis.


Voici leur communiqué :

“Communiqué de quelques géographes suite à l’action de ce matin:
Le GAG n’est pas une farce
Suite au mouvement d’occupation de la Censive et du château du Tertre qui prend de l’ampleur, la direction de l’Université en lien avec la préfecture a décidé de lever l’expulsion des lieux. C’est une avancée. Une avancée qui s’est réalisée grâce au rapport de force que nous avons su instaurer toutes et tous ensemble.
Mais jusqu’à quand?

Nous ne sommes pas dupes, les menaces qui pèsent depuis maintenant une semaine ne sont pas éteintes et nous savons que les expulsions se feront au moment propice, lorsque la fac sera désertée.
Cette levée est provisoire. Nous ne pouvons donc nous permettre de relâcher nos efforts.

Nous voulons une garantie que les mineurs isolé-e-s ne soient pas mis à la rue pendant les vacances de Noël et qu’ils aient la possibilité d’avoir un toit au-dessus de leur tête et un endroit où dormir au chaud pendant cet hiver.
Cette garantie inclut la non-expulsion du rez-de-chaussée du bâtiment Censive, mais également du château du Tertre, avec bien sûr la remise en route du chauffage et de l’eau dans celui-ci. Il s’agit des revendications à court terme. Mais nos souhaits dépassent cette temporalité. Nous voulons surtout que les pouvoirs publics fassent leur devoir et qu’ils proposent enfin des logements décents pour toutes et tous.

L’urgence est toujours là, et nous soutenons l’appel à la grève déjà portée par Solidaire étudiant-e-s. Pour soutenir cet appel et le mouvement général d’occupation, nous, étudiant-e-s en géographie de l’Université de Nantes, avons réalisé une action de blocage dans le bâtiment Tertre ce vendredi matin.
L’objectif derrière cette action était de décentraliser la lutte sur le campus et de toucher directement les étudiant-es, largement démobilisés.
C’est aussi d’avoir encore plus de visibilité qu’à l’heure actuelle, et casser la routine estudiantine qui se préoccupe principalement de ses examens de fin de semestre.

Nous sommes toutes et tous concernés. Multiplions les actions qui amèneront à la victoire.

Soyons fort-e-s, soyons nombreux-ses.
Le Groupe Autonome des Géographes”


Message diffusé par le président de l’université : “Nous avons dans un premier temps demandé le recours aux forces de l’ordre pour évacuer le château, demande qui a été refusée par la Préfecture [qui voulait tout évacuer d’un seul coup, NDLR]. Nous avons ensuite envisagé une évacuation des deux bâtiments. Après de nombreux échanges avec les services de l’État, j’ai estimé que les conditions de recours aux forces de l’ordre étaient de nature à aggraver la situation et faisaient courir un risque trop important à notre communauté.” Le rapport de force paie !


N’oublions pas que la cause originelle de ce qui se passe, c’est l’expulsion en urgence de l’ancienne école des Beaux Arts, demandée par la mairie PS. 150 CRS étaient venus frapper les étudiants et jeunes exilés qui occupaient tranquillement ce bâtiment totalement vide. Les socialistes nantais sont bien plus durs et inflexibles que la présidence de la fac. Ce sont eux les vrais coupables.

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