Des dizaines de milliers de personnes ont envahi les rues de Nantes hier dès le coup de sifflet final. Pour beaucoup, la victoire de la France en coupe du monde était surtout l’occasion de faire la fête et boire un verre en cette soirée caniculaire. Fumigènes Place Royale, statue du Voyage à Nantes envahie à Bouffay, apéros à Feydeau, klaxons omniprésents … Plutôt bon esprit dans les rues bondées, même si l’ambiance tricolore et les marseillaises qui résonnaient par endroit faisaient grincer les oreilles.
Avant même la tombée de la nuit, un gros dispositif policier venait gâcher la fête, en tirant des grenades lacrymogènes sans raison, dans tous les sens au niveau d’Hôtel Dieu. Incompréhension générale. De très nombreuses personnes étonnées voire en colère, après avoir été gazée en terrasse de bars ou sur les pelouses de Feydeau. Assez logiquement, la tension montait rapidement, avec des échanges de projectiles.
Après s’être retirés, les CRS revenaient autour de minuit semer la pagaille en tournant sans but autour du square Daviais, où vivent des centaines d’exilés dans des tentes, tirant encore de nombreux gaz. Les tentes se retrouvaient noyées dans les lacrymogènes. Une disproportion évidente régnait entre l’agitation festive d’un côté et la répression mise en œuvre de l’autre : pour une canette en verre, plusieurs grenades. Et même des tirs sur un groupe qui chahutait les voitures qui passaient et mettaient des barrières en travers de la route.
Autour de 3 heures du matin, la fête continuait malgré tout, notamment Place Royale. Nos reporters n’ont pas vu de casse, mais un sol jonché de traces de la fête. En définitive, les interventions des forces de l’ordre auront finalement provoqué beaucoup plus de désordres que la liesse initiale.