Un autre 11 septembre : 1973, le coup d’État au Chili


Le 11 septembre est aussi la date d’un coup d’État fasciste. Il y a exactement 45 ans, le 11 septembre 1973, le Général d’extrême droite Augusto Pinochet prenait le pouvoir par la force au Chili. Les mouvements sociaux étaient écrasés, et le pays devenait le laboratoire des politiques capitalistes les plus violentes.


En 1970, dans un contexte de guerre froide, un gouvernement de gauche parvient au pouvoir au Chili. Il propose un programme socialiste, notamment en reprenant les richesses minières alors aux mains de multinationales privées, ou en supprimant les grands domaines fonciers qui affamaient les paysans.

Une politique inacceptable pour le gouvernement américain, qui décide d’en faire un exemple. Dans des archives aujourd’hui publiques, on découvre que la CIA décide de provoquer des «conditions économiques désastreuses qui précipitent le pays dans le chaos». Le pays est frappé d’instabilité économique, et des groupes terroristes d’extrême droite comme «Patria y Libertad» organisent des assassinats. En parallèle, des mouvements sociaux émergent, pour pousser le gouvernement à appliquer son programme, et à partager les richesses. Des ouvriers se mettent en grève, occupent leurs usines. Des groupes révolutionnaires multiplient les actions.

Le 5 septembre 1973, des comités ouvriers alertaient le président Allende : «si vous ne réalisez pas le programme de l’Unité populaire, si vous n’avez pas confiance dans les masses […] vous serez responsable de porter le pays, [vers] un massacre froid, planifié, de la classe ouvrière la plus consciente et la plus organisée d’Amérique latine».

6 jours plus tard, le 11 septembre, les militaires d’extrême droite envahissent les rues du pays, et prennent le pouvoir. Le président socialiste intervient à la radio, un fusil à la main : «Je ne démissionnerai pas !». Le palais présidentiel est bombardé par l’aviation, encerclé par les blindés. Allende est retrouvé mort, suicidé.

La répression est effroyable. Les opposants politiques sont arrêtés par dizaines de milliers, et parqués dans des stades. Un musicien populaire, le communiste Victor Jara, a les doigts tranchés à la hache devant les autres prisonniers, dans le grand stade du Chili. Il est exécuté comme de nombreux autres. Les militaires dissolvent les syndicats. Des milliers de chiliens sont tués, torturés, ou pire «portés disparus», souvent enlevés et jetés dans la mer depuis des hélicoptères de l’armée. Un général putschiste déclare : «Nous agissons ainsi, car c’est préférable qu’il y ait 100.000 morts en trois jours, et non un million en trois ans, comme en Espagne».

Au total, près de 150.000 personnes sont emprisonnées pour des motifs politiques. Il y a des centaines de milliers d’exilés politique.

Pinochet est «chef suprême de la nation» jusqu’en 1988. Sous son règne, les politiques néolibérales les plus violentes sont expérimentées par des économistes formés aux USA : privatisations, capitalisme sauvage, interdiction des grèves, fin des droits sociaux, précarité… Le choc et la sidération provoqués par le coup d’État empêche toute réaction. Ces politiques seront ensuite appliquées dans d’autres pays par Thatcher, Reagan, et plus tard Macron. Le capitalisme se conjugue avec l’autoritarisme.

Aujourd’hui encore, ce coup d’État est un symbole international. Et l’ombre du Général Pinochet plane sur le Chili.

Il y a deux jours, à Santiago du Chili, des émeutes ont éclaté alors que la police militaire empêchait l’avancée d’une marche en mémoire des victimes de Pinochet.

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