Il se passe bien des choses dans la ville de Marseille
D’un côté, la mairie investit 20 millions d’euros pour «réaménager» une place populaire du centre-ville, c’est-à-dire transformer un endroit vivant et fréquenté, qui abrite un marché, pour en faire un lieu de consommation aseptisé réservé aux privilégiés : la Plaine. Cette opération se heurte à une mobilisation particulièrement déterminée des habitants, qui depuis des semaines, luttent et perturbent ces travaux. La réponse de la mairie ? Construire un mur de béton autour de la place et placer des dizaines de policiers autour du chantier.
De l’autre, les pouvoirs publics laissent pourrir des centaines d’immeubles dans les quartiers populaires de la ville. Des habitats insalubres, abîmés et dangereux. Une situation connue de tous depuis des décennies, volontairement ignorée par la municipalité, qui laisse ces quartiers à l’abandon. Il y a dix jours, dans le quartier de Noailles, deux bâtiments se sont effondrés. 8 morts. Quelques jours plus tard, un balcon s’effondrait sur le passage d’une marche en hommage aux victimes. 3 blessés. De nombreux autres immeubles sont dans des états similaires.
Ces deux événements répondent à une même logique de la part des autorités : d’un côté fabriquer des espaces privilégiés, protégés, réservés aux plus riches. De l’autre, laisser mourir les populations les plus précaires qui vivent dans des conditions inacceptables. La guerre sociale se manifeste dans l’aménagement de la ville.
Mercredi 14 novembre, ces colères résonnent en écho. Dès l’aube, des manifestants étaient présents à la Plaine pour bloquer le chantier. En réponse, les forces de l’ordre gazaient sans ménagement, et les ouvriers intervenaient sous escorte policière. Dans la foulée, le portail sécurité était mis à terre. «Le bruit court que les aménageurs de la Plaine ne seront jamais tranquilles et que la tension va continuer à monter», témoigne un habitant.
Le soir même, une «Marche de la colère» était organisée en hommage aux disparus du quartier Noailles, et contre la mairie qui laisse des milliers de marseillais et marseillaises vivre dans des conditions indignes. Dans la nuit, près de 10.000 personnes ont défilé derrière des pancartes à l’effigie des victimes, avec des flambeaux, des fumigènes, des banderoles… C’est à la fois le chagrin et la rage qui étaient exprimés dans cette marche digne et populaire.
Arrivé devant la mairie, avec de très nombreux slogans contre le vieux maire de droite, Gaudin, la police a gazé et chargé le cortège pourtant familial qui s’approchait des grilles. La colère n’est pas prête de retomber contre le mépris et la chasse aux pauvres.
Solidarité avec Marseille ! Réapproprions nous nos villes !
D’autres infos ici :
https://lundi.am/Noailles-La-plaine-necro-metropolisation…
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