Après quatre semaines d’une agitation intensive et déroutante, faite de blocages, de manifestations incroyables dans les quartiers les plus luxueux de la capitale, de défilés lycéens et d’assemblées étudiantes, le président le plus impopulaire de la 5ème République est sorti de son silence. Quelques éléments d’analyse suite aux annonces de Macron.

DES PIÈCES JAUNES POUR LES GILETS JAUNES
La grande annonce du président à la télévision le 10 décembre est une «augmentation du SMIC» de 100 euros. C’était l’annonce forte de la soirée, alors que la colère sociale et les conditions de vie inacceptables de millions de personnes sont enfin mises sur le devant de la scène. Cette augmentation n’est pas seulement dérisoire : c’est une arnaque. Elle était déjà prévue bien avant le mouvement des Gilets Jaunes. Macron avait programmé une hausse mécanique du SMIC de 70 euros sur le quinquennat, indexée sur l’augmentation du coût de la vie. Il faut ajouter 20 euros d’augmentation automatique prévue au 1er janvier. Le reste est confié à la générosité des patrons, sans aucune contrainte ni engagement. Bref, si on fait le calcul, Macron donne au bon peuple 10 euros. Il fait l’aumône, et prend les pauvres pour des cons.
NOUVEAU CADEAU AUX PLUS RICHES
Hasard du calendrier, le jour même de ces fameuses annonces télévisuelles, le Sénat prenait une décision beaucoup plus symbolique. Les élus votaient une mesure proposée par Emmanuel Macron au mois de mai dernier : l’allègement de «l’exit tax». Un gigantesque cadeau pour faciliter l’évasion fiscale des français les plus riches. Un transfert de fond vers les fortunés. Il n’a pas non plus été question de rétablir l’SF, une mesure exigée depuis le début par les Gilets Jaunes. Quelques miettes pour les pauvres, la boulangerie pour les riches. Une illustration du régime.
PAS UN MOT POUR LA JEUNESSE
Les lycéens et les étudiants se sont mobilisés pendant de longues semaines au printemps dernier contre la destruction des universités publiques et la plateforme Parcoursup, qui exclut des dizaines de milliers de lycéens de l’accès à l’enseignement supérieur. Une lutte longue, dure, déterminée, qui a mobilisé la jeunesse de tout le pays. Et qui n’a reçu que mépris, coups de matraques et ignorance. Aujourd’hui, les lycéens sont à nouveau dans la rue et subissent une répression terrible : innombrables blessures, arrestations par centaines. La jeunesse est aussi la catégorie la plus touchée par la précarité et les politiques anti-sociales du gouvernement. Pourtant, Macron n’a pas dit un mot, pas un seul, sur la jeunesse, sur les lycéens, sur les étudiants. C’est totalement inacceptable.
PAS UN MOT POUR LES BLESSÉS ET LES ARRÊTÉS
Ils se comptent par milliers. Ces derniers jours, le gouvernement a mis en place un véritable État policier. On ne compte plus les mains arrachées, les manifestants éborgnés, les blessures diverses. Une femme est morte à Marseille. Près de 2000 personnes ont été arrêtées rien que samedi 8 décembre. Des dizaines de manifestants ont été mis en prison sans preuve. Plutôt que de s’excuser, Macron a une nouvelle fois menacé les manifestants, en répétant qu’il n’y aurait «aucune indulgence». Le gouvernement doit promettre l’amnistie de toutes les personnes arrêtées pendant ce mouvement. Et des réparations conséquentes pour toutes les personnes blessées.
LE GOUVERNEMENT A PEUR : NOS MÉTHODES SONT LES BONNES !
Ce gouvernement promettait d’être d’une dureté extrême. Il prétendait ne rien lâcher face aux «fainéants». S’inspirant de Margaret Thatcher, qui a régné d’une main de fer sur l’Angleterre, Macron n’avait rien cédé face aux cheminots, aux étudiants ou à la ZAD au printemps, alors qu’il était confronté à un très fort mouvement social. Il avait saccagé les droits sociaux sans reculer. Grâce aux Gilets Jaunes, ce pouvoir autoritaire commence à céder. Macron et ses complices sont terrorisés par les méthodes ingénieuses des Gilets Jaunes : blocages économiques, saccage des quartiers chics, auto-organisation, harcèlement des élus. Bref, ce premier discours apeuré du président prouve qu’il faut continuer.
De grandes victoires sont à portée de main !
