Deux poids, deux mesures


Christophe Dettinger placé en détention provisoire en attendant son procès


Dans la période curieuse qui est la notre, certains personnages défraient la chronique.

Il y a eu Alexandre Benalla, l’ami et conseiller du président. Le garde du corps bénéficiant de privilèges hallucinants, qui avait pour passe temps favori d’aller tabasser des opposants politiques. Le tout équipé avec du matériel de police, et entouré de la hiérarchie préfectorale. Un scandale d’État, inimaginable dans n’importe quel autre pays voisin. Depuis cet été, celui qui était un milicien du président a pu s’expliquer tranquillement sur les plateaux télés, avant de se pavaner dans les soirées parisiennes, et d’organiser des voyages d’affaire en Afrique, avec des dictateurs. Le tout avec la protection de la République, équipé de passeports diplomatiques offerts par la présidence.

Il y a aussi Didier Andrieux. Un personnage alarmant. Un policier aux méthodes ultra-violentes, qui avait déjà été signalé par le passé pour des agressions, y compris à l’encontre de ses propres collègues. Plutôt que d’être démis de ses fonctions, ce commandant de Toulon a été récompensé : décoré de la Légion d’Honneur il y a quelques jours. C’est dans ce contexte qu’il a tabassé à coups de poing un jeune homme et des retraités lors d’une manifestation. Sans doute la dernière agression d’une très longue série. Pour l’instant, cet agent armé, assermenté, payé par l’agent public, n’est absolument pas inquiété.

Il y a enfin Christophe Dettinger. Ancien boxeur, excédé par les violences policières et les gazages à répétition lors des manifestations de Gilets Jaunes. Il a tenu tête aux gendarmes. Il raconte : «je vois des CRS matraquer des gens et là j’ai perdu le contrôle». En réalité, on ne lui reproche pas tant les coups. Il ne s’agit que de poings nus contre un bouclier de plexiglas et un casque renforcé de gendarme. On lui reproche quelque chose de beaucoup plus grave : un geste symbolique. Avoir tenu tête à la répression, aux yeux de tous. Avoir résisté à ces forces de l’ordre qui sont le dernier rempart du gouvernement.

En quelques heures, il est devenu l’ennemi n°1 du gouvernement. Activement recherché et placé en garde à vue, sa cagnotte de soutien a été fermée d’office sous la pression des syndicats policiers. Il vient, au soir du mercredi 9 janvier, d’être placé en détention provisoire. C’est-à-dire qu’il est enfermé sans procès, en attendant d’être jugé, le 13 février. Il aura déjà passé un mois derrière les barreaux, avant même de connaître sa condamnation. Le gouvernement veut en faire un exemple.

Christophe Dettinger rejoint les 219 personnes incarcérées depuis plus d’un mois suite aux manifestations. Il rejoint aussi la liste des plus de 1500 condamnés et des plus de 5000 personnes arrêtées. Une liste vertigineuse, que le gouvernement a promis d’allonger.

Ce deux poids deux mesure est trop criant. Les injustices qui s’accumulent sont trop béantes, trop visibles.

Ce gouvernement doit tomber.

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