Le droit de manifester encore plus menacé
Jusqu’où iront-ils ? Profitant de l’intense campagne médiatique suite à la manifestation du samedi 16 mars sur les Champs-Élysées, le gouvernement vient d’annoncer une nouvelle batterie de mesures contre le droit de manifester. Des mesures visiblement préparées bien avant le 16 mars, et annoncées à la faveur des évènements. Pourtant la loi dite «anti-casseurs» vient d’être votée, et sera probablement mise en application dans les prochains jours. Mais le gouvernement, en roue libre, veut aller encore beaucoup plus loin contre les libertés.
Quelques annonces du Premier Ministre :
- La «dispersion» systématique des «attroupements», c’est-à-dire des rassemblements ou manifestations spontanés. C’est une définition très large, car tout regroupement non déclaré en préfecture peut-être considéré comme un attroupement.
- Pérennisation et augmentation des Détachements d’Action Rapide. Le Premier Ministre a annoncé le renforcement des DAR, ces groupes de policiers en civils, cagoulés et surarmés, composés de membres de la BAC et de la BRI, qui chargent, attaquent et tirent sur les cortèges. Ces unités sont responsables de la grande majorité des mutilations et des arrestations depuis trois mois. C’est donc un tournant assumé de la doctrine du maintien de l’ordre : attaquer les manifestants plutôt que les repousser.
- La police ira «au contact» des manifestants. Ce sont les mots du Premier Ministre avant d’ajouter «nous exposerons nos forces à des contacts plus durs». Le gouvernement assume donc entièrement l’explosion du nombre de mutilés par la police de ces dernières semaines, mais aussi la forte probabilité de provoquer des morts lors des prochains mouvements sociaux.
- Utilisation renforcée du LBD. Le gouvernement conteste les «polémiques» autour des armes de la police, qui auraient, selon Édouard Philippe, empêché un maintien de l’ordre efficace samedi 16 mars. Retour en force des tirs contre les cortèges.
- Interdiction de manifester dans des zones des centre-villes, comme le Capitole à Toulouse, Pey Berland à Bordeaux, les Champs-Élysées à Paris. Cette pratique est déjà largement appliquée depuis des années à Nantes ou Rennes, et n’est donc pas vraiment nouvelle.
- Renforcement de la lutte contre les «ultras».
- Utilisation renforcée de drones et de produits «marquants» pour arrêter des manifestants.
- Augmentation des contraventions contre les manifestants.
- Menaces contre les «personnalités» Gilets Jaunes qui appelleraient à des manifestations.
- Menaces contre les réseaux sociaux qui se rendraient «complices» des violences. On imagine aisément l’usage d’une telle mesure contre vos pages Facebook préférées.
En bref : plutôt que d’écouter la colère qui s’exprime depuis quatre mois, le pouvoir assume chaque jour un peu plus sa nature autoritaire. Ici, un maintien de l’ordre de plus en plus militarisé et violent, et un droit de manifester quasiment réduit à néant.
Il est donc urgent d’obtenir la chute du gouvernement, avant de ne plus pouvoir bouger du tout.