Et si ce n’était que le début ?

Il y a 5 mois jour pour jour démarrait un mouvement inédit. Des centaines de milliers de personnes prenaient d’assaut les ronds points et les routes du pays, en dehors de toute structure établie. Le 17 novembre, la date paraît à la fois lointaine et si proche.
Derrière des revendications multiples, parfois confuses, c’est une véritable lame de fond sociale qui allait déferler. Une colère immense enfouie depuis trop longtemps, qui balayait les certitudes.
En 5 mois, le long cri de révolte, qu’on a tant de fois essayé d’étouffer, résonne encore. Par sa durée, c’est le mouvement social le plus étendu depuis la Libération. Plus que le mouvement contre la Loi Travail, qui avait déjà été d’une durée exceptionnelle au printemps 2016. Le symptôme d’affrontements de plus en plus déterminés, et de gouvernants de plus en plus inflexibles.
En 5 mois, des scènes incroyables se sont succédé. La prise des Champs-Élysées et les péages transformés en feux de joie. Des centaines de ronds-points habités, qui deviennent des ZAD, et un hélicoptère prêt à exfiltrer Macron dans la cour de son propre palais. Des exactions policières commises sur des grand-mères et des adolescents, et un boxeur professionnel qui rend les coups à l’envoyeur. Un ministère enfoncé par un engin de chantier, et un président qui ne peut plus se déplacer sans une armée de CRS. Des manifestations, des barricades, des Maisons du Peuple, des Assemblées populaires…
Ce sont aussi près de 10.000 gardes à vue, des centaines de peines de prison ferme, des milliers de procès et de condamnations. Ou encore plus de 14.000 balles en caoutchouc et des dizaines de milliers de grenades tirées sur la population. Des milliers de personnes touchées dans leur chair. Des mains arrachées et des manifestants défigurés, et une femme de 80 tuée par les armes de la police. Une sauvagerie d’État jamais vue depuis la guerre d’Algérie.
5 mois après, la révolte semble intacte. Même s’il ne brille plus aussi intensément, le feu couve. Il peut repartir plus fort que jamais, à la moindre étincelle. Les prochains rendez-vous, le 20 avril, le 1er mai, le 11 mai et après, prouvent que le mouvement n’est pas prêt de s’arrêter.
Quoiqu’il en soit, le contentieux avec le pouvoir est allé trop loin, trop fort et trop longtemps pour être résolu.
Et si tout cela n’était que le début ?
Photo : Marin Driguez
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