Cela fait aujourd’hui 14 jours ! Deux semaines que Steve a disparu, au bord de la Loire, lors d’une charge particulièrement violente de la police à Nantes ! Pourquoi ne le retrouve-t-on pas ? Dans quel genre de régime un jeune disparaît-il pour avoir dansé ?
Le silence des médias et des autorités est assourdissant depuis cette disparition. Que font les deux hommes censés représenter la Justice et la police dans notre ville ?
En deux semaines, le procureur de Nantes, Pierre Sennès, d’habitude si friand de communication médiatique, n’a pas prononcé un mot ! Un jeune nantais disparaît au bord de la Loire, et le parquet ne communique rien en 14 jours ! En Justice, le parquet représente l’État. C’est le procureur qui engage des poursuites, instruit les affaires, gère les garde à vues, requiert des peines, classe les enquêtes… C’est au procureur de mener l’enquête et, le cas échéant, interroger ou mettre en garde à vue les suspects du drame de la fête de la musique.
Qu’a fait le procureur de Nantes Pierre Sennès en deux semaines ? Rien ! «À Paris, par exemple, lorsque les manifestants écologistes ont été délogés par des gaz lacrymogènes, le parquet de Paris a annoncé lui-même l’ouverture d’une enquête préliminaire. Le parquet de Nantes, lui n,’a rien fait» pour Steve, explique l’avocate chargée du dossier.
Pourtant, ce procureur est connu pour être d’une extrême sévérité. Il n’a pas hésité à placer des dizaines de Gilets Jaunes en garde à vue pour 24 ou 48 heures sur la base de dossiers totalement vides, à mettre en cellule 15 personnes qui faisaient des banderoles, ou à demander systématiquement des peines de prison pour les personnes arrêtées en manifestation. Mais depuis la disparition de Steve : silence radio. Curieusement, c’est le même procureur qui fait traîner au fond d’un tiroir l’affaire d’Aboubacar, jeune tué à Nantes il y a un an par un CRS.
Et du côté du Préfet ? Le préfet représente l’État dans la région, il est à la tête de la police. C’est lui le responsable direct de la charge des forces de l’ordre, le soir de la fête de la musique. Il s’appelle Claude d’Harcourt. Deux jours après la disparition de Steve et la charge sur les bords de Loire, ce haut fonctionnaire allait jusqu’à injurier les fêtards violentés. «Les forces de l’ordre interviennent toujours de manière proportionnée. Mais face à des individus avinés, qui ont probablement pris de la drogue, il est difficile d’intervenir de façon rationnelle. Et les individus eux-mêmes étaient non maîtrisables». Des propos ahurissants. Et plutôt que d’avoir ne serait-ce qu’un mot pour la famille du jeune disparu, il annonçait qu’il y aurait «des poursuites» contre les organisateurs de la fête.
Depuis, c’est aussi le silence radio du côté de la préfecture. Aucune déclaration publique. Mais des associations liées au milieu des teufs ont été reçues mercredi. Très modérées et liées aux institutions, elles ont pourtant été choquées par ce qu’elles ont entendu : «la préfecture indique que l’intervention des forces de l’ordre n’est due qu’aux jets de projectiles, ce n’était pas pour éteindre la musique, ce qui va à l’encontre de tous les témoignages reçus» déclare un associatif. Un autre : «comment la préfecture peut-elle utiliser la formule « sauter dans l’eau » ? Penser qu’un jeune de 24 ans qui ne sait pas nager ait sauté… C’est catastrophique…» Le Préfet aurait même oser déclarer qu’il ignorait que les sound system de la fête de la musique ont lieu sur l’île de Nantes. Cela fait pourtant 20 ans que c’est le cas. «Évidemment que tout le monde sait, la ville, la préfecture, que depuis 20 ans les collectifs techno s’installent là pour ne pas déranger !»
Cela fait 14 jours que Steve a disparu. Et il est désormais légitime de se demander : les autorités font-elles délibérément traîner les recherches pour étouffer cette scandaleuse disparition ?
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