Hong Kong : Des canons à eau Français contre les manifs


La France experte mondiale de la répression, exporte ses armes


Depuis hier, les médias français s’inquiètent : «La police de Hong Kong utilise des canons à eau». Ces journalistes ont dû hiberner quelques années, puisque ces canons à eau sont systématiquement utilisés contre les manifestants ici même, en plus de l’arsenal mutilant qui équipe la police française.

Mais l’information à retenir, c’est que ces canons à eau qui martyrisent le peuple de Hong Kong sont produits… en France ! Un journal chinois décrivait l’an dernier la livraisons de ces véhicules «anti-émeute fait sur-mesure en France». Le nom de cet ustensile ? «Cerberus», le nom du chien qui garde l’entrée des enfers dans la mythologie grecque.

L’engin est produit par Sides et Essonne Sécurité, deux entreprises françaises, et a été présenté au salon de l’armement de Satory, à Paris, en 2018. Le «Cerberus» avait même obtenu le «trophée export sécurité». Plus intéressant encore, la police française est allée former la police de Hong Kong à la répression des manifestations. Un média chinois évoque «une équipe d’officiers de la police française et des experts du fabricant» venus à Hong Kong pour enseigner l’usage de ces canons. Au moins trois de ces véhicules blindés antiémeutes ont été achetés, à près de 2 millions d’euros pièce. «À l’occasion des tests des véhicules, une teinture a été ajoutée au liquide afin de marquer les personnes, en vue d’une future identification. La personne peut ensuite être victime de harcèlement ou placée en détention de manière injustifiée» s’inquiète l’ONG Amnesty International. C’est précisément déjà l’usage que compte en faire le gouvernement français.

Mais cette exportation du «savoir faire français» est-elle propre à Hong Kong ? Pas du tout. La République française est réputée pour son expertise mondiale dans les stratégies de maintien de l’ordre. Ses doctrines contre-insurrectionnelles héritées de la guerre d’Algérie sont un savoir-faire qu’elle partage depuis des décennies, du Chili de Pinochet à la Tunisie de Ben Ali.

Après Mai 1968, un grand laboratoire du maintien de l’ordre a été installé en Dordogne : à Saint-Astier. La gendarmerie s’y entraîne à la répression dans un cadre grandeur nature, en organisant des émeutes factices et des mises en situations réelles. Elle y forme également des détachements
venus des quatre coins du monde, des Marines américains aux Mossos, ces policiers venus de Catalogne.

Notre pays est aussi l’un des principaux exportateurs d’armes du maintien de l’ordre. Les grenades lacrymogènes et autres balles en caoutchouc sont utilisées partout autour du globe. Les munitions du concepteur de Flash-Ball Verney Carron ont été vendues au Portugal, en Slovaquie, au Maroc, au Sénégal ou en Indonésie. Durant la vague d’insurrections qui s’est emparée du monde arabe en 2011, les policiers du Bahreïn, un petit royaume du Golfe, ont asphyxié des dizaines de personnes en tirant des grenades lacrymogènes directement dans leurs domiciles. Ces grenades ont parcouru des milliers de kilomètres. Elles ont été fabriquées dans l’usine sarthoise de l’entreprise Alsetex.

  • En juin 2013, le peuple d’Istanbul prend la rue contre le président autoritaire Erdogan. La police turque tire systématiquement ses lacrymogènes en tirs tendus. Plusieurs manifestants sont tués, notamment Berkin, 15 ans, après avoir reçu une grenade dans la tête.
  • Deux ans plus tôt, le ministre de l’Intérieur français avait signé avec le gouvernement turc un «accord de coopération dans le domaine de la sécurité intérieure».
  • À l’automne 2014, au Burkina Faso, une série d’émeutes chassent le chef d’État. Il y a plusieurs morts et des blessés. Les manifestants ramassent les cartouches tirées : des grenades françaises.

Les usines qui produisent et disséminent leurs armes aux quatre coins de la planète ne le font pas seules. Tout est supervisé par le sommet de l’État français. Alors que les députés de En Marche signent des pétitions de soutien à la révolte de Hong Kong , des canons à eau made in France répriment les manifestants.


Le cynisme : marque de fabrique du pouvoir.


La fiche technique du canon à eau français utilisé à Hong Kong :

AIDEZ CONTRE ATTAQUE

Depuis 2012, nous vous offrons une information de qualité, libre et gratuite. Pour continuer ce travail essentiel nous avons besoin de votre aide.

Faites un don à Contre Attaque, chaque euro compte.