Pas de justice, pas de paix !
Nous sommes le 8 décembre 2018. Antoine manifestait pour le climat, à Bordeaux. Finalement, son cortège rejoint celui des Gilets Jaunes, et les deux manifestations se mélangent. Sur la Place Pey Berland, au cœur de la ville, Antoine a la main arrachée par une grenade. La main intégralement soufflée par ces armes explosives, contenant de la TNT. Le jeune homme de 26 ans est terriblement mutilé à tout jamais. Il porte plainte.
L’avocat d’Antoine vient de recevoir le procès verbal qui notifie le «classement sans suite» de la plainte. Le motif ? «On n’a pas retrouvé le policier qui a lancé la grenade». L’avocat dénonce «un simulacre d’enquête» menée par l’IGPN.
Le 1er décembre dernier, Ayhan, ouvrier de 52 ans, manifeste avec les Gilets Jaunes à Tours. Une grenade tombe littéralement à ses pieds alors qu’il est tranquille, au milieu d’une foule calme. Sa main est arrachée.
Cet été, il reçoit un courrier glaçant : «les faits de la procédure n’ont pu être clairement établis par l’enquête. Les preuves ne sont pas suffisantes pour que l’infraction soit constituée et que des poursuites pénales puissent être engagées».
En trois mots : «classement sans suite». Pourtant, toute la scène a été filmée.
Le père de famille veut se battre : «ma vie a été bouleversée, je ne peux pas abandonner. […] Je me situais à distance du cordon de sécurité, à 86 pas des premiers policiers. Des explosifs ont été lancés en cloche dans notre direction, un peu au hasard : c’est ça qui me scandalise.»
C’est une guérilla judiciaire de masse qui est menée par le pouvoir en place
D’un côté, des mutilés qui ont subi de véritables blessures de guerre se heurtent à des non-lieux et des classements sans suite. Les proches de personnes tuées par la police font face au mur de l’injustice d’État. De l’autre, des manifestants sont envoyés en prison pour des raisons dérisoires. Ce week-end, à Lyon, un homme a été arrêté avec trois fumigènes, bleu, blanc, rouge. Interpellé, il traite les agents de « toutous de Macron». 8 mois de prison ferme, pour de la fumée colorée et un « outrage » qui n’en est pas un. 12.000 personnes ont fait de la garde à vue, des milliers ont été intimidés, terrorisés par une justice aux ordres, qui visent à briser les résistances.
Antoine, et bien d’autres blessés, militent aujourd’hui avec le collectif «Mutilés pour l’exemple». Ils organisent ce week-end une marche des mutilés, à Bordeaux.
Ne laissons pas seuls les cibles de la violence d’État
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