Non, explications :
Une offensive a lieu ces derniers jours sur internet pour faire croire que les «black blocs» seraient des «infiltrés», qui serviraient à «discréditer» le mouvement des Gilets Jaunes. Elle vient des syndicats policiers, qui réclament moins de «laxisme» contre les manifestants, mais aussi des factions complotistes et droitières du mouvement des Gilets Jaunes.
Mais alors, les «black blocs» sont-ils des «infiltrés» ?
La réponse en un mot : NON
Explications :
- D’abord parce que «les black blocs» n’existent pas. Le «black bloc» n’est qu’une technique : s’habiller en noir pour ne pas être identifié. N’importe qui peut l’utiliser. Jeune ou vieux, pacifiste ou pas. C’est même une décision assez raisonnable, puisque les arrestations se comptent par centaines ces dernières semaines à cause des caméras qui prennent des images des manifs. Dans ce contexte, c’est ne pas se masquer qui est inconscient.
- Le black bloc est une tactique qu’on a vue lors de contre-sommets, de certains conflits sociaux, ou encore en ce moment à Hong Kong. En France, le «black bloc» n’existe pas vraiment. On n’a jamais vu de cortège entièrement noir, prêt à en découdre. Il y a beaucoup de fantasmes sur quelque chose d’inexistant. Ce qu’on observe, ce sont des «cortège de tête», mélangés, avec des gens divers, dans lesquels certains manifestants sont masqués. Du reste, on a aussi pu voir des Gilets Jaunes, absolument pas habillés en noir, déployer une violence bien supérieure à tout ce qui était attribué, auparavant, aux «black blocs».
«Ce sont des agents infiltrés»
Dans le contexte actuel, avec les milliers de blessés et les dizaines de mutilés, la police serait littéralement inconsciente d’envoyer des «infiltrés» dans ces cortèges. Ce serait beaucoup trop risqué pour les agents, celles et ceux qui font les manifs le savent très bien.
«D’accord, mais ils discréditent nos manifs».
Ah bon ? Petit retour en arrière. Début décembre 2018 : c’est LE seul moment depuis des années où un gouvernement prend peur. Maron est tétanisé, il lâche du lest. Dans les médias, c’est la panique.
Pourquoi ? Que se passe-t-il dans les rues ? Des affrontements de grande ampleur. Des barricades sur les Champs Élysées. L’Arc de Triomphe envahi. Les quartiers luxueux et l’Élysée ciblés.
Les Gilets Jaunes n’ont jamais été autant pris au sérieux qu’à ce moment là. Quoiqu’on pense du recours à la violence, les faits sont là : le seul mode d’action qui a fait trembler le pouvoir, c’est l’alliance entre des blocages économiques de grande ampleur et des manifestations émeutières. Les autres modes d’action font bien rire le gouvernement.
«Oui, mais la police les laisse faire»
C’est un mensonge absolu. On ne compte plus les participants des cortèges de tête ou des manifestations les plus déterminées blessés, arrêtés, mutilés. Presque toutes celles et ceux qui se sont déjà habillés en noir en manif savent qu’ils sont une cible prioritaire des forces de l’ordre. Les banderoles de tête reçoivent systématiquement des tirs et des charges. Les personnes habillées en noirs sont souvent arrêtées, et lourdement condamnées dans les tribunaux.
«C’est à cause des Black blocs qu’il y a des violences policières»
C’est une plaisanterie ? Dès le 17 et le 24 novembre, la répression a été colossale. Manifestants blessés, arrêtés, gaz. Il n’y avait pourtant aucun «black bloc». Sur d’autres mobilisations, par exemple les grèves de profs, les manifestations lycéennes, il n’y a pas non plus de «black bloc», pourtant la répression se déchaîne.
Le gouvernement en place ne tolère plus aucune contestation. D’ailleurs, les marches pour le climat ou les récentes manifs de Gilets Jaunes, très pacifiques, n’ont absolument pas empêché les violences policières. Au contraire.
Alors, à quoi servent ces énormes mensonges ?
D’abord ils servent la police. Lorsque des syndicats policiers osent prétendre – de façon mensongère – qu’il y aurait du «laxisme» contre les «black blocs», ils réclament en fait le droit de réprimer encore plus, d’être encore plus violents, d’avoir les coudées encore plus franches.
Ces mensonges servent aussi à l’extrême droite et au pouvoir, deux camps qui veulent à tout prix empêcher la convergences entre les luttes de Gilets Jaunes, les anticapitalistes, et les luttes pour le climat, etc…