Le centre commercial Beaulieu perturbé, petit cortège dans le centre-ville
Un mouvement social victorieux, c’est souvent une montée en puissance. Un tempo rapide. En 1995, en un mois de grève – notamment dans les transports – et de manifestations de plus en plus massives, le gouvernement abandonne son projet de casse de la sécurité sociale. En 2006, en moins de deux mois d’actions quotidiennes et de manifestations très rapprochées, le gouvernement abandonne le CPE. Les trois premières semaines de Gilets Jaunes fin 2018 sont elles aussi décisives : des actions partout et tous les jours, des manifestations insurrectionnelles les samedis. Début décembre, Macron terrifié lâche quelques concessions. Par la suite, le mouvement sera écrasé par la répression et ne retrouvera plus la même puissance.
À l’inverse, les mouvements longs s’enlisent souvent sans faire reculer le gouvernement. La mobilisation contre la Loi Travail, avec des manifestations conséquentes mais espacées sur plus de 4 mois, n’a pas fait bouger le pouvoir. De même que le précédent mouvement sur les retraites, en 2010, avec des «journées de grèves» très massives mais totalement inoffensives et espacées sur plusieurs mois. Un échec.
Le mouvement qui émerge depuis le 5 décembre est porteur d’espoir : grève reconductible dans plusieurs secteurs, manifestations rapprochées, blocages économiques. C’est la recette de la victoire. Mais pour l’emporter, il faut que le mouvement monte en puissance. Ce qui n’est pas (encore) le cas.
C’est dans cette optique de multiplication des initiatives que des actions étaient programmée à Nantes samedi 14 décembre, après les journées du 5, 7, 10 et 12 décembre. Une façon de ne pas faire retomber la pression. Ce samedi matin, une centaine de personnes ont perturbé la consommation dans le centre commercial Beaulieu, en dansant et en défilant dans la galerie commerciale.
L’après midi, il y avait autour de 400 personnes dans la rue. Trop peu. Majoritairement des Gilets Jaunes et des militants anticapitalistes, souvent jeunes. Comment expliquer cette baisse de mobilisation ? La peur de la répression ? Le manque de communication ? La fatigue ? Peut-être un peu de tout cela.
Lors de ce défilé, un dispositif policier massif, en surnombre. Pas de banderole, peu de pancartes. Malgré tout, quelques fumigènes, des chants, un parcours audacieux dans les petites rues du centre, et un morceau de la muraille de la préfecture arraché par des trublions. Après deux heures de défilé, le cortège échouait, au milieu de rangées de gendarmes, à la croisée des trams. Il en faudra plus pour mettre en difficulté les autorités.
La semaine qui vient sera décisive. Tout le monde doit participer : il n’y aura pas de prestataires chargés d’organiser les luttes et de préparer les banderoles pour les autres. Amenons toutes et tous des instruments de musique, des banderoles, des pancartes, de la peinture.
C’est la pluralité des actions, la multiplication des petits actes de résistances qui permettent la victoire.