Angers : le Gilet Jaune avait ramassé des grenades tirées dans les champs de Notre-Dame-des-Landes

Ce procès hors norme est passé globalement inaperçu. Pourtant il est révélateur à plus d’un titre. Sur la folie répressive de la justice, mais aussi sur les munitions tirées massivement par les forces de l’ordre.
Nous sommes le 23 novembre 2018, au tout début du mouvement des Gilets Jaunes, à la veille de l’Acte 2. La colère monte en puissance dans tout le pays, des milliers de ronds-points sont bloqués et le pouvoir est totalement inflexible. Laurent, 46 ans, tente une action désespérée. Les médias parlent alors d’un Gilet Jaune «porteur d’une ceinture explosive» qui menace de se suicider dans une station service. Laurent est effectivement muni d’une charge, et réclame devant un centre commercial d’Angers que des manifestants soient reçus par Emmanuel Macron. Sans succès. Encerclé par le Raid, il se rend. Pas d’explosion, pas de blessé, pas de dégât. Un geste de désespoir.
Ce que presque personne ne relève, c’est que la ceinture artisanale de Laurent est en fait composée de grenades tirées par les gendarmes. En effet, elle est constituée de tolite, l’explosif contenu dans des grenades que le Gilet Jaune a ramassé à Notre-Dame-des-Landes. Au printemps 2018, pour expulser des occupants, la gendarmerie avait tiré plus de 13.000 munitions en quelques jours dans le bocage de Nantes, dont plusieurs centaines de GLI F4, explosives. Un étudiant avait d’ailleurs eu la main arrachée le 22 mai 2018 par une de ces armes.
À l’époque, la plupart des personnes sur place, notamment les reporters de Nantes Révoltée, avaient pu constater qu’une grande quantité de grenades n’avait pas explosé dans les champs lors de cette opération de gendarmerie. N’importe qui pouvait donc en ramasser, en stocker. C’est l’État lui même qui a semé des kilos d’explosifs dans l’espace public.
Laurent a donc collecté, à ce moment là, quelques unes de ces grenades et leurs «bouchons allumeurs». C’est avec ces munitions laissées par les gendarmes qu’il avait confectionné cette «charge d’explosifs» en novembre 2018, et mise autour du cou avec un dispositif de mise à feu. «Ce n’était pas factice» selon les mots du préfet d’Angers. Laurent a été condamné ce 20 décembre à deux ans de prison ferme, sans aménagement possible. Une peine extrêmement lourde.
Cette condamnation pose question. De deux choses l’une :
- Soit on croit le gouvernement qui prétend que ces grenades ne sont pas dangereuses. Et il faut alors relaxer ce Gilet Jaune.
- Soit on considère, comme les magistrats qui ont condamné Laurent, que les GLI F4 contiennent un explosif dangereux, et alors c’est le gouvernement et des forces de l’ordre qu’il faut punir, et non ceux qui ramassent des munitions déjà tirées.
À l’audience, le condamné expliquait «avoir aussi voulu alerter sur la dangerosité des grenades utilisées par les forces de l’ordre» lors des manifestations. «Il faudrait qu’on arrête d’utiliser ce genre de produits». Sans être entendu.
Une source de la presse aux ordres : https://mobile.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-jaunes/gilets-jaunes-deux-ans-de-prison-ferme-pour-avoir-menace-de-se-faire-exploser-lors-d-une-manifestation_3753907.html
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