16 janvier : un jeudi au soleil


Promenade tranquille dans les rues de Nantes


Le mouvement de grève, d’actions et de blocages contre la casse des retraites et le gouvernement dure depuis 42 jours. Les initiatives sont innombrables. Manifestations immenses, avocats qui campent devant un tribunal, soignants qui démissionnent, envahissement de mairies de gares ou de locaux en tout genre, marches aux flambeaux, blocus lycéens, émeutes, occupations… C’est une grande diversité qui s’exprime sur tout le territoire, face à un gouvernement autoritaire.

Jeudi 16 janvier est une nouvelle date de ce marathon. A Nantes, ce sont plus de 10.000 personnes qui répondent à nouveau présent. Une mobilisation qui reste massive. Mais pour la première fois depuis longtemps, le défilé est entièrement calme, peut être trop calme. Parti vers 11h30, le cortège est enserré dans l’habituel dispositif répressif disproportionné, composé de centaines de gendarmes au contact des manifestants, de dizaines d’agents de la BAC cagoulés, et d’un hélicoptère.

Sous un grand soleil, l’ambiance est souriante, familiale, plutôt joyeuse. Il y a des déguisements et des pancartes amusantes, mais quasiment pas de cortège de tête. Fait rare, le passage devant la préfecture se fait sans heurt. Pas de tags non plus. Le policier arroseur est là, fidèle au poste, la lance à eau prête à servir. Plus loin, les gendarmes mobiles bloquent l’accès au Cours Saint-Pierre, sans résistance. On s’habitue vite à considérer que la police est plus forte.

L’absence la plus remarquée à Nantes est celle des étudiants et étudiantes. Contrairement aux lycéens, ils ne sont quasiment pas entrés en lutte, privant les secteurs mobilisés depuis le 5 décembre d’un relais qui serait essentiel. Une anomalie dans une ville où l’université est historiquement, depuis 1968, un bastion de contestation. Et alors que ça bouge sur de nombreux campus du pays.

Le défilé se poursuit et s’arrête devant la rue de Strasbourg. Là, des enseignants jettent d’anciens manuels scolaires à terre, en signe de protestation, qui serviront à allumer une palette. Retour à la croisée des trams, dans le calme. Puis deuxième tour en plus petit effectif, avec la présence très désagréable de la BAC, en noir et cagoulée, mêlée à des grappes de manifestants.

La stratégie du maintien de l’ordre écrase psychologiquement la contestation. Le grand calme du défilé n’empêche pas l’arrestation de 3 personnes. Il ne s’est rien passé à cette manif. Mais même rien c’est trop pour les tenants du maintien de l’ordre. Les derniers récalcitrants seront d’ailleurs nassés et dispersés par des gendarmes nerveux.

Pour la première fois depuis des mois à Nantes, trois manifestations d’affilée ont eu lieu sans lacrymogènes. Tant mieux : cela évite les blessures, la peur, les coups, et pour une fois, tout le monde aura pu marcher sans stress et dans le calme. Tant pis : cela témoigne d’une absence de volonté de déborder. La police aura maîtrisé entièrement le temps et l’espace, alors qu’il faudrait hausser la voix face à la surdité de Macron.

Ce samedi, une date décisive a lieu à Paris : une grande manifestation nationale dans la capitale, à l’appel de Gilets Jaunes et de dizaines de groupes, pour tenter de franchir une nouvelle étape dans la lutte. La semaine prochaine sera marquée par de nouveaux blocages, des manifestations nocturnes, ainsi qu’une nouvelle journée de grève générale importante vendredi 24 janvier.

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