Le feu ne s’éteint pas


18 janvier, Acte 62. Macron est toujours là. La résistance aussi.


Un récit de la manifestation parisienne par Cerveaux non disponibles :

« La date était annoncée depuis plusieurs jours. Un appel national à venir sur Paris signé par plus de 70 structures et collectifs en lutte. Une date dans la continuité des dernières manifs contre la réforme des retraites, clairement giletsjaunées. Mais qui se voulait aussi dans l’esprit des appels nationaux des gros actes GJ parisiens, notamment les ultimatum de 2019.

Mais face à la militarisation du pouvoir, face aux interpellations « préventives » réalisées lors des derniers gros rassemblements GJ sur Paris, le choix avait été fait de n’annoncer aucun rdv « non déclaré ». Non par plaisir de suivre une manif déclarée, totalement nassée par des centaines de policiers, mais plus par pragmatisme. Avec l’idée pour beaucoup de réussir tout de même à déborder lors de la manif.

Sauf que le dispositif mis en place par la préfecture était tellement démentiel qu’on se disait dans la matinée qu’il ne pourrait absolument rien se passer en dehors d’une manif en mode « moutons guidés par les chiens de Berger (pas Laurent hein… quoique).

Des milliers de manifestants sont présents, dont une grande part de GJ (souvent sans le gilet désormais). Mais pas assez pour pouvoir vraiment déborder et revivre les actes insurrectionnels de fin 2018.

Pourtant, malgré les cordons policiers entourant totalement le cortège, malgré les trois ou quatre rangées de CRS placés à l’avant et à l’arrière de la manif, malgré les dizaines d’unités de voltigeurs, l’acte 62 parisien a réussi à déborder le dispositif et à mettre en échec la milice de Macron et Castaner.

La première manif sauvage a réussi à sortir du cortège en milieu d’après midi, au niveau de Gare de L’Est. La fin de journée et le début de soirée sera l’occasion d’autres manifs sauvages mais aussi d’actions offensives au niveau de l’arrivée de la manif déclarée, à Gare de Lyon.

Si la police a été au même niveau de barbarie et de terreur que ces derniers jours, avec de nouveau cas d’ultra violence totalement gratuite et hors de propos, cela n’a pas du tout entamé la détermination de la plupart des manifestants, dont certains venus de très loin pour ce 62 samedi GJ.

Et c’est peut être l’élément à retenir de cette journée. Depuis plus d’un an, ce régime ne fait que monter le curseur de l’horreur répressive et sa stratégie de terroriser et criminaliser les luttes sociales. Et pourtant, ce samedi, il se retrouve avec des scènes de soulèvement qu’on attribue « généralement » à des pics de colère d’une population.

Sauf que ces pics de colère durent depuis un an et demi, sans jamais avoir cessé. Pire, depuis le mouvement de grève du 05 décembre, cela ne se manifeste plus qu’une seule fois par semaine, mais presque tous les jours, partout en France.

La veille de cet acte 62, Macron a dû être exfiltré du théâtre des Bouffes du Nord, donnant au passage l’ordre d’interpeller le journaliste ayant « osé » communiquer l’info de sa présence. Les jours précédents, les vœux de personnalités En Marche ont été perturbés (voir annulés) dans plusieurs villes du pays. Le musée du Louvre a été fermé. Les avocats jettent leurs robes. L’Opéra continue sa grève. Les profs occupent des rectorats…

La révolte peut mettre le feu à gare de Lyon comme les frissons au concert des grévistes de l’Opéra. Cette grève a de magnifique qu’elle allie la rage et la beauté et qu’on se sent mieux dans cet état de résistance et d’envie de transformation radicale de la société que dans le métro boulot dodo d’avant. Avec cette grève, on redécouvre une vie qui a plus de goût. Des émeutes aux airs d’opéra, des concerts classique aux airs révolutionnaires. Et une facilité déconcertante et joyeuse à aller perturber les responsables politique comme les riches. L’action contre Macron aux bouffes du Nord ou celle contre la Fashion Week et le défilé Hermès en témoignent.

Tout cela a vraiment de la gueule. C’est la résistance qui s’installe petit à petit comme un régime autonome et comme un affront fédérateur rassemblant des milliers d’individus qui enfin se rencontrent, enfin se parlent pour de vrai, enfin fraternisent, et ce à travers tout le pays et même au delà, curieux des révoltes qui grondent partout (Chili, Hong Kong, Algérie…). Constatons un point crucial : Petit à petit, nous inventons notre propre agenda, nous façonnons notre temps sur la défense de libertés qui nous rassemblent, nous devenons un NOUS, large et inclusif, qui se répand naturellement comme une traînée de poudre et qui s’émancipe des cases dans lesquelles Macron avait décidé de nous faire rentrer.

Macron a plongé le pays dans une insurrection permanente. Une insurrection latente, mais profonde. Aujourd’hui en France, un président déploie dans Paris des centaines de policiers tous les samedis (et désormais plusieurs fois par semaine) pour tenter de minimiser les images d’insurrection, mais sans réussir à les empêcher. Aujourd’hui en France, un président encourage cette même police à frapper aveuglement et interpeller abusivement dans l’espoir de diminuer la mobilisation.

Mais ceux qui sont encore dans les rues de Paris et d’ailleurs ont désormais dépassé le stade de l’intimidation. Quand on rentre en résistance, on ne le fait pas à moitié. Macron commence à peine à s’en rendre compte. »


Photos : Bastien Louvet / SIPA, Camille, ACTA…

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