Vengeance d’État : des années de prison ferme pour l’incendie de la préfecture du Puy-en-Velay


«L’incendie on l’a tou.te.s allumé»


C’était samedi 1er décembre 2018 au soir. Dans la petite ville du Puy-en-Velay, en Auvergne, la préfecture est en flammes. Au même moment, les Champs-Élysées sont couverts de barricades, des péages sont incendiés, des ronds points sont bloqués aux quatre coins du pays. La France est au bord de l’insurrection. Le gouvernement est terrorisé.

Deux jours plus tard, alors qu’il se déplace au Puy-en-Velay, Macron est hué, poursuivi et insulté. Le président détesté jusque dans une ville tranquille de la France profonde. La fracture est vertigineuse, et la peur a changé de camp. Pendant quelques jours, le pouvoir est comme suspendu.

Un an et trois mois ont passé, et l’État se venge, implacablement. Lundi, quatre hommes hommes passaient en jugement pour l’incendie de cette préfecture. Les prévenus « ont été identifiés par des témoins ou sur des photos, à cause d’une parka trop bleue ou de cheveux trop longs ». Bref, pris au hasard, à partir des images d’une foule, parce qu’ils n’avaient pas caché leur visage. La procureure demande des peines exemplaires, décrivant « le chaos, pas juste des échauffourées », et évoquant sans rire une atteinte à un « symbole de la démocratie ». Jusqu’à 6 ans de prison ferme sont réclamés. Pour des dégâts matériels.

Les quatre prévenus sont condamnés à de la prison ferme : de deux ans dont une partie avec sursis, à trois ans fermes pour le principal suspect qui reste en détention. Des peines sévères, à l’image des années de prisons distribués à Narbonne pour l’incendie d’un péage en janvier.

Notons que le policier Alexandre Langlois, encore apprécié par certains Gilets Jaunes, déclarait sur la chaîne RT : « la condamnation c’est assez normal, quand on enfreint la loi avec un incendie criminel, forcément, il faut s’attendre à des condamnations par la justice ». Pourtant, ni les patrons qui détruisent des vies, ni les policiers qui brisent des visages, ni les pédocriminels célèbres ne sont inquiétés. En revanche, l’État met les grands moyens pour écraser de façon spectaculaire celles et ceux qui se sont soulevés, qui ont désobéi, qui ont exprimé leur révolte en actes.


Devant le tribunal, de nombreuses personnes étaient venues soutenir les prévenus. Une banderole était déployée : «L’incendie on l’a tou.te.s allumé».


Source :

Faire un don à Contre Attaque pour financer nos articles en accès libre.

Pour ne rien manquer de nos publications, suivez-nous sur nos réseaux