Acharnement répressif : un manifestant belge arrêté à Paris, exposé à la pandémie et jeté en camp de rétention

L’histoire cauchemardesque de Jérôme, racontée par StreetPress, prouve que pour les autorités la répression prime sur la santé des personnes. Alors qu’une partie de l’Europe est confinée pour faire face à la pandémie, la France fait preuve d’un acharnement répressif absolument délirant, qui met en danger la vie des personnes arrêtées. Parmi elles, Jérôme, militant écologiste belge, venu manifester samedi 14 mars à Paris. Tabassé par les forces de l’ordre, jeté en cellule pendant 48h, puis enfermé au tribunal pendant 24h. Après l’audience, plutôt que d’être autorisé à rentrer chez lui, le préfet exige qu’on l’enferme en camp de rétention ! Il est donc privé de liberté loin de chez lui, dans des conditions insalubres, probablement malade et sans soins. Kafkaïen.

« La nouvelle est tombée ce mercredi 18 mars au matin : la préfecture de police de Paris demande le prolongement de l’enfermement de Jérôme, un manifestant écologiste belge retenu au Centre de rétention administrative (Cra) de Vincennes. Ubuesque, comme l’ensemble de ce dossier. […] l’homme de 56 ans est arrêté alors qu’il manifeste aux côtés des Gilets jaunes. […] J’ai cinq jours d’ITT [Incapacité totale de travail, ndlr] avec onze coups de matraques dans les jambes, sur le bras et au visage. J’ai le nez cassé et un œil au beurre noir »
[…]
À la douleur s’ajoute la crainte du coronavirus qu’il pourrait avoir contracté au cours de sa garde à vue passée dans une cellule de 20m2 qu’il partage avec cinq autres personnes. « Certains montraient des symptômes qui pourraient être ceux du coronavirus et l’un d’eux se pensait atteint » […] Les risques de contaminations sont évidents et après 48 heures de garde à vue, le manifestant commence à se sentir malade : « J’ai toussé pendant trois jours, de dimanche à mardi. »
[…]
Arrivé au tribunal de Paris, il montre donc à son tour des symptômes qui pourraient être ceux du coronavirus.« Ils m’ont mis le masque en me disant que j’avais une “présomption de maladie”. Parce que je renifle et qu’il “ne faut pas partager ça”. Mais je renifle surtout parce que j’ai le nez cassé ! ». L’enfermement au tribunal dure 24 heures. […] Il aurait donc pu enfin retrouver sa liberté, si la préfecture de Paris ne s’en était pas mêlée…À l’issue de sa garde à vue, Jérôme s’était en effet vue délivrer une obligation de quitter le territoire français, assortie d’un ordre de placement en centre de rétention administratif (Cra), ces prisons qui ne disent pas leur nom, réservées aux étrangers.
[…]
Derrière les murs, « les gens sont dépassés par la situation. C’est devenu totalement invivable. Comme on est trois dans une chambre, celui qui tousse envoie ses microbes à tout le monde. » Cerise sur le gâteau, la préfecture demande un prolongement de sa rétention de 28 jours. « C’est tout simplement irresponsable ». Une décision d’autant plus absurde que l’absence de vol jusqu’au 26 mars au moins [ils sont annulés, ndlr] empêche son expulsion. […] « C’est impressionnant la machine à détruire les gens ».

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