Un projet coûteux, dangereux et inutile en zone inondable, alors que les hôpitaux manquent de moyens
Relativisons. La crise sanitaire s’annonce gravissime. Les hôpitaux sont débordés. La France est confinée. Mais à Nantes, ça pourrait être pire, bien pire. Si le projet de «nouveau CHU» était déjà réalisé par exemple. Un projet dangereux, inutile, absurde, coûteux, que les élus sont en train d’imposer. Explications :
Depuis des années, les élus socialistes de la Métropole veulent absolument «leur» CHU. Un nouvel équipement, qu’ils veulent implanter sur l’île de Nantes, contre tout bon sens élémentaire. Le nouvel hôpital serait donc situé en zone inondable, sur une île, isolé de la ville. Tous les experts le savent très bien : il ne faut surtout pas mettre un hôpital sur une île. À la moindre crise, les ponts sont encombrés, bloqués, et les accès aux soins rendus beaucoup plus difficiles.
Le coût de ce projet pharaonique et inutile est exponentiel. D’abord évalué à 350 millions d’euros, puis à 600 millions en 2012, il est désormais à 976 millions d’euros, c’est-à-dire «le CHU le plus cher de France» selon Médiacités. Des experts consultés estiment même que le coût final en 2026 dépassera 1,5 milliard d’euros. Des dépenses gigantesques qui s’expliquent car il faudra faire tenir de méga-bâtiment sur une zone friable et inondable, en installant des pieux de béton géants dans le sol des bords de Loire pour espérer faire «flotter» la construction.
Mais ça n’est pas le plus hallucinant. Ce «nouveau CHU» aura une capacité moindre que celui existant, Car oui, Nantes a déjà un gros CHU dans le centre-ville. Les décideurs veulent un nouvel hôpital avec moins de lits. Ce sera une pure construction néo-libérale, avec plusieurs centaines de lits en moins – entre 350 et 200 selon les estimations, dans la continuité des politiques de destruction de la santé – et favorisant «l’ambulatoire», c’est-à-dire du soin à la chaîne, façon Mac Drive. Dans une tribune publiée en avril 2019, une centaine de personnalités, notamment des médecins, s’opposaient à ce projet, dénonçant une «gabegie financière», une «gestion administrative désastreuse» et une «approche sanitaire et sécuritaire aberrante».
L’actuel CHU de Nantes est en plein cœur de la ville. Parfaitement desservi. Plusieurs services ont été récemment rénovés. Avec le milliard et demi qui va servir au futur CHU inutile, combien de soignants pourraient être recrutés ? Combien de nouveaux lits ? D’équipements performants ? Combien de masques de protection ? Combien de machines à oxygène ? À Nantes comme ailleurs, le personnel soignant se mobilise depuis des mois pour obtenir simplement des conditions de travail décentes. Il n’y a pas de lits ni d’équipement correct pour soigner aujourd’hui, mais des milliards pour un CHU plus petit et excentré demain ?
Mal situé, avec moins de lits, ultra-cher : pourquoi un projet aussi absurde ? Par pure mégalomanie métropolitaine. La mairie socialiste veut à tout prix urbaniser l’île de Nantes, qui est une ex-friche industrielle, pour en faire un «cœur de métropole» avec ses start-ups, ses résidences toutes neuves et son «quartier de la santé». Loin, très loin des besoins qui sautent aux yeux avec la crise actuelle.
Alors voilà, relativisons. Imaginons une pandémie de type Coronavirus une fois que ce projet déconnecté, dépensier, absurde sera construit. Imaginons les services déjà débordés, les malades qui peinent à rejoindre le CHU, la structure en partie inondée. Imaginons tout cela. Il y aurait sans doute des foules pleines de rage devant la mairie de Nantes. De la colère et de la haine contre ces élus qui gèrent la ville comme Macron gère la France.
«L’Appel des Cent contre le scandaleux projet de CHU sur une île»