Drones, amendes, prison, couvre-feu…
Les droits sociaux sont pulvérisés pendant que nous sommes assignés à résidence. La police et ses drones quadrillent les villes. La répression s’intensifie. Nous y sommes : la pandémie donne l’occasion au gouvernement de franchir plusieurs paliers vers un régime aux allures de dictature.
PRISON FERME
L’assemblée Nationale vote aujourd’hui une loi qui va durcir considérablement les peines réservées à celles et ceux qui sortent de chez elles «sans attestation». En cas de non respect du confinement, les «récidivistes pourront être condamnés à 3.700 euros d’amende et jusqu’à six mois de prison ferme». Alors que l’urgence est de faire sortir les prisonniers pour éviter une propagation éclair du coronavirus dans les lieux d’enfermement, le gouvernement veut donc envoyer plus de monde derrière les barreaux. Un avocat analyse : «ce délit donne un pouvoir considérable et arbitraire à la police : c’est elle qui décidera a priori si une personne a violé ou non son confinement à plusieurs reprises, c’est elle qui placera en garde-à-vue». La justice peut d’ores et déjà utiliser le qualificatif délirant de «mise en danger de la vie d’autrui» contre les personnes contrôlées en extérieur, ce qui expose également à des peines de prison. Au Mans, un jeune homme contrôlé par la police en possession d’une attestation de déplacement «non datée, ni signée» a été embarqué. Pour «outrage» et non respect du confinement : 3 mois derrière les barreaux ! À Béthune, dans le Nord-Pas-de-Calais, un jeune de 20 ans a déjà été condamné à six mois de prison ferme pour être sorti sans attestation et avoir insulté les policiers.
DRONES
Le capitalisme de crise teste ses innovations les plus effrayantes. Des drones sont expérimentés dans plusieurs villes. À Nice, la surveillance est déjà exercée par un drone muni d’un haut parleur qui crie des ordres aux personnes dans la rue. À Paris, même scénario, avec des engins volants menaçant les passants. Une vingtaine d’engins pouvant voler à 150 m sont entre les mains de la police parisienne. À Bari en Italie, un drone prend en photo les personnes non confinées pour les poursuivre en justice. Idem à Commercy, dans la Meuse, où les gendarmes utilisent leurs drones de surveillance : «les militaires ont rappelé à l’ordre les contrevenants depuis les airs» raconte la presse. Tout aussi flippant, les gendarmes testent un «drone équipé d’une caméra thermique» qui pourra prendre «la température corporelle à distance». Il y a fort à parier que ces tests vont se généraliser, y compris après la pandémie pour contrôler la population.
COUVRE-FEU
«J’invite les maires à utiliser la totalité de leurs pouvoirs de police», a déclaré le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner. Aussi, dans plusieurs mairies, les élus ont décidé de décréter un couvre-feu. Une mesure totalement absurde et anxiogène, puisque la population est déjà confinée. Quel intérêt supplémentaire au niveau sanitaire ? Aucun. À Vallauris, Menton, Nice, Perpignan, Béziers ou encore Montpellier, il est strictement interdit pour tout le monde de sortir de chez soi à partir d’une certaine heure, jusqu’au lendemain matin.
AMENDES
Samedi 21 mars, le gouvernement annonçait que 900.000 contrôles avaient été effectués depuis mardi, et que 39.994 personnes avaient été verbalisées pour non-respect des règles de confinement. Des amendes de 135 euros comme s’il en pleuvait, les témoignages d’abus sont nombreux, notamment un père de famille traité de «fils de pute» et menacé physiquement par des policiers à Aigues-Mortes. En Seine-Saint-Denis, un nombre record d’amende a été distribué, preuve que la police contrôle d’avantage en banlieue que dans les beaux quartiers. Tout aussi ignoble, jeudi en Normandie, quatre personnes ont été verbalisées pour «non-respect des règles de confinement» après avoir assisté à l’enterrement d’une de leurs proches. Selon la famille, les gendarmes auraient indiqué que «le motif de déplacement n’était pas valable». On verbalise pour enterrement alors qu’on force les ouvriers et le personnel de la grande distribution à aller travailler au péril de leur santé.
Nous subissons une fuite en avant rapide, digne des films de science fiction, sans pouvoir réagir. Comme pour l’antiterrorisme, nous savons qu’on ne revient pas sur les mesures prises en temps de crise. L’exception devient la norme. Ce qui s’installe, c’est une répression extrêmement sévère pour celles et ceux qui sortent dehors, et des pressions tout aussi forte pour obliger les travailleurs à faire tourner l’économie. “Travaille et ferme ta gueule”, un aperçu d’une gouvernementalité fasciste.
Parmi les victimes de la pandémie, on trouve les libertés individuelles
Quelques sources :