Retour sur une journée charnière, il y a un mois
Samedi 29 février 2020. Le jour où le gouvernement a volontairement détourné un conseil des ministres «exceptionnel» sur le Coronavirus pour dégainer le 49-3 et passer en force la casse des retraites.
La veille, l’OMS publie un rapport décisif sur l’épidémie qui fait rage en Chine, expliquant que « seule une mobilisation de tout le gouvernement et de toute la société permet de vaincre le Coronavirus ».
Samedi 29 février, des manifestations ont lieu comme chaque semaine, la mobilisation contre la casse des retraites ne lâche rien depuis des mois. Ce samedi, le gouvernement appelle à un «conseil des ministres exceptionnel dédié au Covid-19». En réalité, il ne décide rien sur l’épidémie. Un membre du gouvernement raconte que le Premier Ministre avait expliqué ce jour là «que bloquer le pays ne permet pas d’endiguer l’épidémie, que l’Italie l’avait fait et que cela avait été une catastrophe».
En réalité, ce conseil est un prétexte, pour annoncer l’utilisation de l’article 49-3 de la Constitution afin d’adopter sans vote la réforme des retraites. Mais c’est un secret. Devant l’Élysée, aucun ministre ne prend la parole. La majorité ignore tout jusqu’à un texto envoyé dans l’après-midi : « Merci à tous les parlementaires présents dans l’Assemblée de rejoindre l’hémicycle ».
À 17 heures 26, Édouard Philippe débarque à l’Assemblée. Face à des rangs très clairsemés, il en appelle à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution pour imposer la réforme des retraites. Des manifestations spontanées ont lieu le soir même, notamment à Paris, devant le Parlement. Édouard Philippe est sur TF1, et explique que «fermer les frontière ne sert à rien» contre l’épidémie, avant de justifier l’usage du 49-3. Le gouvernement vient de passer en force sur une réforme rejetée par l’immense majorité des français. Le Coronavirus est en train de progresser inexorablement.
Le samedi 29 février est une date à retenir. Alors que l’OMS expliquait l’urgence de l’action collective et solidaire face à une pandémie bientôt incontrôlable, le gouvernement s’est dit que le plus urgent était de profiter de la dernière fenêtre de tir pour faire passer un projet de loi injuste et contesté.