Louise Michel , alias «Enjolras» de son surnom d’autrice à Victor Hugo, est née le 29 mai 1830 à Vroncourt-la-Côte (Haute-Marne) et morte le 9 janvier 1905 à Marseille,
Figure emblématique des anarchistes français, enseignante, communarde, écrivaine, poète, militante et propagandiste infatigable. Fille naturelle d’une servante, elle naît le 29 mai 1830 au château de Vroncourt (Haute-Marne). Élevée au château, elle y reçoit une bonne éducation qui lui permettra de poursuivre des études pour devenir institutrice.
Mais, déjà rebelle, elle refuse de prêter serment à l’Empire et préfère ouvrir une école libre à Audeloncourt (en 1853) puis à Millières (en 1855). Elle arrive ensuite à Paris où, poursuivant son œuvre éducative, elle prend part dès 1869 aux réunions politiques. Elle y rencontrera Jules Vallès, Eugène Varlin et surtout Théophile Ferré avec qui elle se lie. Elle collabore aux journaux d’opposition et écrit de la poésie.
Le 12 janvier 1870, habillée en homme et armée d’un poignard, elle est parmi la foule qui assiste aux funérailles du journaliste Victor Noir, assassiné.
Après la chute de l’Empire, elle devient Présidente d’un Comité républicain de vigilance des citoyennes du 18ème arrondissement et dirige une école. Le 22 janvier 1871, en habit de garde national, elle participe à la fusillade de l’Hôtel de Ville contre le gouvernement accusé de lâcheté.
Dès le 18 mars, elle prend une part active à la Commune de Paris où, toujours préoccupée d’enseignement, elle se dépense sans compter, à la fois propagandiste au Club de la Révolution et collaboratrice du journal de Jules Vallès, « Le Cri du Peuple », prenant part aux combats et secourant les blessés. Durant la Semaine sanglante, elle tire ses dernières cartouches sur la barricade de la Chaussée Clignancourt et parvient à échapper aux Versaillais, mais elle se livrera pour faire libérer sa mère retenue en otage.
Elle réclame la mort au tribunal, et c’est sans doute en l’apprenant que Victor Hugo lui dédie son poème « Viro Major ». Le 16 décembre 1871, elle est condamnée par le 6e conseil de guerre à la déportation dans une enceinte fortifiée.
Le 29 août 1873, après 20 mois de prison, elle est embarquée à Rochefort sur la frégate « La Virginie » en direction de La Nouvelle Calédonie où elle accoste quatre mois plus tard au bagne sur la presqu’île Ducos (c’est durant ce trajet qu’elle se déclare anarchiste). Elle s’intéresse alors aux Canaques à qui elle va dispenser des cours, et prendra ensuite la défense des tribus canaques lors de leurs révoltes contre le colonialisme.
Amnistiée en juillet 1880 avec les autres communards (après avoir refusé des mesures de grâce individuelle), elle arrive le 9 novembre 1880 à Paris où elle est accueillie triomphalement par les ouvriers parisiens. Elle reprend aussitôt son action militante et assiste en juillet 1881 au Congrès anarchiste international à Londres. Le 8 janvier 1882, elle est inculpée d’outrage à agent et condamnée à quinze jours de prison, suite à la manifestation marquant le premier anniversaire de la mort de Blanqui.
Le 9 mars 1883, arborant un jupon noir comme drapeau, elle est en tête d’une manifestation des sans-travail, au cours de laquelle deux boulangeries sont pillées. Le mythe voudrait que ce soit à partir de cette action que le drapeau noir deviendra symbole des anarchistes. Recherchée puis arrêtée, elle est condamnée le 22 juin 1883 à six ans de prison pour « incitation au pillage ».
Sa déclaration devant le tribunal :
S’il y a une coupable à vos yeux, c’est moi, et moi seule. J’ai fanatisé tous mes amis. Je ne vois que la révolution. C’est elle que je servirai toujours. C’est elle que je salue. Puisse-t-elle se lever sur des hommes au lieu de se lever sur des ruines.
Libérée en janvier 1886, Louise Michel devient rapidement la figure de proue des anarchistes, donnant d’innombrables conférences à travers la France. Le 3 juin 1886, lors d’un meeting de solidarité avec les grévistes de Decazeville, elle est condamnée à quatre mois de prison pour insultes envers le gouvernement (mais bénéficiera d’une remise de peine). Elle mène alors une intense propagande en faveur de la grève générale.
Le 22 janvier 1888, lors d’une conférence au Havre, un individu tire deux coups de revolver sur elle. Blessée d’une balle à la tête, elle fera pourtant tout pour obtenir la grâce de son agresseur.
Le 1er mai 1890, à Vienne (département de l’Isère), la population ouvrière répondant à l’appel des anarchistes Louise Michel, EugèneThennevin, et Pierre Martin descend dans les rues pour inciter ceux qui travaillent à se mettre en grève. Le cortège arborant drapeaux rouges et drapeaux noirs et chantant « la Carmagnole » ne tarde pas à se heurter aux « forces de l’ordre ». Des barricades sont érigées, l’usine d’un patron du textile est pillée, mais les meneurs sont arrêtés. Des grèves spontanées se poursuivront durant une semaine. Trois militants anarchistes seront lourdement condamnés à Grenoble devant la Cour d’assises de l’Isère en août 1890, pour ces évènements.
De nombreux 1er mai seront marqués par des événements tragiques, comme à Fourmie (France) ou Clichy en 1891. À fourmie l’armée tire sur la foule, faisant 10 morts parmi les manifestants.
De nouveau inquiétée suites aux émeutes du 1er mai 1890 à Saint-Étienne et à Vienne, Louise Michel s’exile alors en Angleterre. Elle y retrouve le communard Rochefort et se lie avec de nombreux anarchistes exilés, dont Piotr Kropotkine. Elle ouvre une école libertaire pour les enfants de réfugiés, qu’elle est contrainte de fermer quelques semaines plus tard suite à une provocation policière.
En 1895, elle se rend à Paris puis accompagne Sébastien Faure dans une tournée de conférences et fonde avec lui « Le libertaire ». Après de nombreux allers-retours entre Londres et Paris (avec la police aux trousses), elle rentre en France en 1904 et va poursuivre avec Ernest Girault une tournée de conférences qui l’amènera jusqu’en Algérie. De retour, très affaiblie, elle meurt dans un hôtel de Marseille le 9 janvier 1905, à l’issue d’un meeting.
Le 22 janvier 1905, ses funérailles entre Paris et le cimetière de Levallois-Perret seront suivies par une foule immense.
Louise Michel fait partie de ces femmes héroïques à plus d’un titre. Ses combats suscitent l’admiration des foules mais aussi l’admiration de ses plus fervent adversaires :
Partout où les communardes prirent part à l’attaque et à la défense, elles y apportèrent cette ardeur farouche, non point réfléchie mais passionnée, qui fait les héroïnes auxquelles va plus tard l’admiration des foules […]. Cet enthousiasme pour le régime du 18 mars pouvait aisément se justifier ; la Commune fut franchement féministe.
docteur Nass (anti-communard notoire), Le Siège de Paris et la Commune, Paris, Plon et Nourrit, 1914, p. 215.