Explosion sociale au Liban


Les banques prises pour cible sur fond de déconfinement


Au Liban, le COVID 19 et la crise économique qu’il a engendré provoquent une augmentation rapide de la pauvreté, dans un pays socialement déjà très inégalitaire.

La valeur de la Livre libanaise a dégringolé de 20% et les prix des denrées ont augmenté de 55% en moyenne. Ce sont donc les plus pauvres qui payent le prix de la «crise», alors que les plus riches prospèrent.

Le chômage de masse qui explose avec le confinement et la dégradation des conditions de vie des plus précaires soufflent sur les braises de la contestation sociale qui avait débuté à l’automne dernier par une mobilisation populaire majeure, réclamant justice sociale et destitution du pouvoir en place corrompu. Des centaines de personnes avaient alors déjà été blessées par l’armée, et le premier ministre avait été poussé à la démission.

Début mars, alors que la crise sanitaire s’intensifiait, les banques avaient décidé de limiter voir interdire l’accès des libanais à leurs maigres épargnes, alors que 50% de la population est sous le seuil de pauvreté. Rappelons que le Liban compte 30 % de réfugiés dans sa population – Palestiniens et Syriens pour la plupart –, soit la plus forte concentration de réfugiés par habitant au monde. La situation humanitaire est dramatique, alors que parallèlement, le pays compte de nombreux millionnaires dont plusieurs membres du gouvernement.

La nouvelle vague de manifestations qui a débuté il y a quelques jours s’est ainsi étendue dans tout le pays à la faveur du déconfinement décidé lundi, après des semaines de couvre feu strict. Les manifestants sont violemment réprimés par la police et l’armée, grâce notamment à l’arsenal répressif vendu par la France. Fawaz Fouad Samman, un jeune manifestant de 26 ans, a été tué par balles le 27 avril à Tripoli faisant flamber davantage la colère.

Les banques, qui réclament des milliards de livres libanaises à l’État et empêchent la population de récupérer de quoi subsister sont les principales cibles de cette colère. Plusieurs d’entre elles ont été incendiées, dans les villes de Tripoli au Nord et Saïda et au Sud. De nombreux affrontements ont eu lieu : cocktails molotov et barricades contre grenades et tirs à balles réelles.


Le gouvernement doit décider ce jour d’un «plan de sauvetage». Consistera-il à redonner le pouvoir au peuple et à répartir les richesses ?


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