En banlieue : amendes illégales par vidéosurveillance


Big Brother et abus de pouvoir


Dans la petite ville d’Epinay-sous-Sénart, en banlieue parisienne, le maire d’extrême droite a dépensé plus de 500 000€ pour déployer des caméras de vidéosurveillance un peu partout.

Lors du confinement, l’élu «rentabilise» la dépense de façon malhonnête : des centaines d’amendes ont été envoyées à des habitants sur la seule base de la vidéosurveillance. Plusieurs jeunes reçoivent des amendes pour «non respect du confinement» directement chez eux, sans jamais avoir été contrôlés. Ils ne comprennent pas : «des PV à une minute d’intervalle pour deux personnes différentes à deux endroits distants de plus d’1km. Des PV malgré une attestation de sortie à cette heure-là». Seule explication possible : «la police municipale nous reconnaît sur les caméras de la ville et nous envoie les amendes sans même nous contrôler, nos attestations ne servent à rien. Qu’on sorte pour aller à la boulangerie ou quoi que ce soit on est verbalisés. Pourtant on n’a croisé aucune patrouille de la police municipale. De toute façon ils n’en ont qu’une et ne peuvent pas dresser des amendes à la même heure à deux endroits de la ville».

Sans doute conscients de l’illégalité des PV, les agents n’ont pas hésité à notifier : «vous avez été interpellé» sur les documents, «ce qui est un mensonge» explique un jeune de 24 ans. «Moi j’avais fait une attestation, j’allais chercher mon père à la gare parce qu’il rentrait du travail».

La vidéosurveillance qui envahit nos villes est déjà une atteinte aux libertés, mais cette «vidéo-verbalisation» ressemble à une forme de racket mafieux. Selon un avocat : «ce procédé n’est pas applicable dans le cadre du confinement, car une signature du mis en cause doit être apposée».

Dans d’autres cités de Seine-Saint-Denis et des Yvelines comme au Val-Fourré à Mantes-la-Jolie, des habitants ont aussi subi ce type de «verbalisation au faciès» abusive. Un avocat raconte : «J’ai été saisi par un client qui porte un bracelet électronique. Et qui a été verbalisé à une heure tardive où il était forcément chez lui sinon cela aurait été signalé».

Les adresses inscrites sur les Procès Verbaux dressés par la police municipale «correspondent bien à des lieux d’implantation de caméras». Mais, selon Le Parisien, «ces jeunes devront néanmoins prouver qu’ils n’ont pas été contrôlés. Le code de procédure pénale prévoit que les procès-verbaux de constatations d’infractions contraventionnelles font foi, jusqu’à preuve du contraire». Nous sommes dans un cas typique d’abus de pouvoir d’un petit chef local, contre les habitants et habitantes des banlieue. Une pénalisation d’autant plus grave qu’elle frappe les plus pauvres : «Si je paye, je vais y laisser mon salaire en entier et même davantage».


Les banlieues sont un laboratoire des politiques répressives, racistes et néolibérales. Laisser faire la «vidéo-verbalisation» contre quelques uns, c’est l’appliquer à toutes et tous demain.


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