À Nantes en novembre 2017 : Abdou Aboubacar, mort étouffé lors d’une interpellation


Le jeune père de famille était décédé dans les mains de la police, dans des conditions identiques à George Floyd


Le drame avait eu lieu le samedi 25 novembre, rue de Bel-Air, dans le centre-ville de Nantes. La police intervient dans un appartement, pour interpeller un homme décrit comme «agité» par un voisin. Abdou Aboubacar, 31 ans et père d’un petit garçon de 3 ans ne survivra pas à l’intervention de la police.

Le lendemain, un journal nantais évoque «une interpellation houleuse». Un euphémisme, alors qu’il y a mort d’homme. L’article raconte que le défunt a fait «un arrêt cardiaque» lors de l’intervention policière. Ce qui ne veut rien dire, car dans l’absolu, tout décès intervient après un arrêt du cœur. En réalité, Abou est mort avec une côte cassée et un poumon perforé, avec trois policiers en train de l’immobiliser au sol. Un scénario qui rappelle énormément la mort d’Adama Traoré à Beaumont-sur-Oise en juillet 2016, asphyxié lors d’une arrestation par les gendarmes. Abou a subit un plaquage ventral par plusieurs policiers nantais. Cette technique mortelle qui a aussi emporté George Floyd aux Etats-Unis. A l’époque, l’affaire passe inaperçue à Nantes. Malgré son extrême gravité et les grandes zones d’ombres qu’elle laisse.

La compagne d’Aboubacar, racontait : «il y avait juste une voisine à qui les policiers ont dit de rentrer chez elle, qu’ils géraient la situation». Pour elle, la responsabilité des policiers ne fait aucun doute. Elle demande justice, et veut savoir «exactement ce qui s’est passé ce jour là. Eux disent qu’Abou a fait un arrêt cardiaque mais pourquoi ? Il a eu une côte et un poumon perforé, les yeux remplis de sang… pourquoi ? Clairement je souhaite qu’on m’aide à avoir les réponses».

Le parquet a classé l’affaire le 21 juin 2018. Le procureur justifiait sa décision avec une phrase qui fait froid dans le dos : «les faits ne constituent pas un délit pénal». Alors même que l’enquête a été bâclée et que la famille de la victime n’a pas pu voir le dossier ni faire d’expertise indépendante ! Un manque de respect terrible.

Ces deux dernières années à Nantes, la police a tué trois fois : Abou dans son appartement, Aboubakar d’une balle dans le cou dans le quartier du Breil en juillet 2018, et Steve, noyé le 21 juin 2019.

Abdou a laissé derrière lui une femme et un petit garçon en deuil. Sa compagne attend toujours qu’on rende justice au père de son fils. Les USA semble montrer, malheureusement, que seule une insurrection et des commissariats en flammes permettent d’être entendu par la justice et les autorités.

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