Lourdes révélations de Médiapart hier, dévoilant encore une fois la nature monarchique du pouvoir en place. Macron a directement écrit au Parquet National Financier, qui enquête sur les crimes et délits économiques, pour protéger son conseiller personnel. Son bras droit, Alexis Kholer, était mis en cause depuis deux ans pour «conflit d’intérêts et prise illégale d’intérêts». Le conseiller présidentiel avait des liens familiaux avec un actionnaire d’une multinationale, pour laquelle il avait rendu une décision très favorable. De la corruption en col blanc.
Emmanuel Macron a écrit personnellement au PNF à l’été 2019 pour disculper Alexis Kohler, au lendemain d’un rapport de police l’accablant. À la suite de cette lettre, un second rapport d’enquête a été écrit, aboutissant à des conclusions absolument inverses, disculpant Kholer.
Mais qui est cet homme protégé directement par le président ? Alexis Kholer est peu connu du grand public, c’est pourtant une pièce maîtresse du pouvoir en place. Il est secrétaire général de l’Élysée, et homme de confiance du chef de l’État, «avec qui il fonctionne en totale symbiose», cultivant une totale discrétion.
Dans un portrait écrit par le Figaro en 2018, il est décrit comme «le deuxième cerveau d’Emmanuel Macron». «L’homme qui fait décoller les réformes et qui les fait atterrir, c’est lui. En ce moment, il a trois dossiers en approche: la SNCF, Parcoursup et Notre-Dames-des-Landes». C’est un stratège du pouvoir. Les attaques inouïes contre les droits sociaux, la répression des mobilisations syndicales et écologistes : c’est lui. L’agression frontale et simultanée du printemps 2018 menée à Notre-Dame-des-Landes – avec des blindés et des milliers de grenades –, les étudiants –, les CRS envoyés dans les facs pour la première fois depuis des décennies – et l’écrasement de la mobilisation des cheminots : c’est lui.
Kholer est donc une pièce essentielle du dispositif macroniste. Les révélations de Mediapart devraient faire tomber tout le gouvernement, et provoquer un scandale national et international. Mais nous sommes dans une forme hybride de gouvernance autoritaire, qui n’a même plus les apparences d’une démocratie.
Enquête de Mediapart : https://www.mediapart.fr/journal/france/230620/l-affaire-kohler-ete-classee-apres-une-lettre-d-emmanuel-macron