Des soldats se revendiquant du nazisme sont payés, entraînés et armés par l’État dans l’impunité totale. Un nantais fait partie du lot.
La police n’est pas la seule concernée par la présence de militants d’extrême droite dans ses rangs. Dans l’armée aussi, des néo-nazis se préparent à la guerre en toute impunité. Mediapart a retrouvé la trace de nombreux militaires et anciens militaires qui affichent sans aucune retenue leur adhésion à l’idéologie néonazie. Tout en continuant tranquillement leur carrière.
NAZISME REVENDIQUÉ
Allan, néo-nazi et soldat, explique sur Facebook qu’il faudrait coller «une bonne balle dans la nuque» des migrants… Il est dans le 27e bataillon de chasseurs alpins. Tatoué sur son bras, on peut lire «Meine Ehre heißt Treue [Mon honneur s’appelle fidélité – ndlr]». La devise des SS en référence à leur fidélité à Adolf Hitler. Yann, du 1er régiment des hussards, s’affiche avec des vêtements du groupe néonazi «Blood and Honor», référence aux jeunesses hitlériennes. Rurik, sergent au 2e régiment d’infanterie de marine, affiche devant son millier de followers sur Instagram des tatouages fascistes : croix celtique surmontée du mot «White» et la devise de la SS. Deux mois avant d’entrer dans l’armée, François D. apparaissait sur Facebook en faisant un salut nazi. Il était recruté peu après dans le 13e bataillon des chasseurs alpins.
PASSAGES À L’ACTE
Ces nazis armés et payés par l’État passent à l’acte. En octobre 2017, François D. participe, aux côtés d’autres militants fascistes, à l’attaque d’un concert de la Fédération Anarchiste à Chambery. Il aura un simple rappel à la loi. Il est toujours militaire. Valentin a été soldat au 17e régiment du génie parachutiste. Il est membre actif du groupe néonazi «Arsouille Naoned» basé à Nantes. Il est notamment impliqué dans l’agression d’une militante LGBT en décembre 2019. Sur son compte Instagram, Valentin affiche son admiration pour Brenton Tarrant, le terroriste australien auteur de la tuerie ayant fait 51 morts dans deux mosquées à Christchurch, en Nouvelle-Zélande. Un autre militaire, Maxime P. s’affiche sur les réseaux sociaux avec un symbole de l’ésotérisme nazi surmontée du slogan «White Pride» sur le torse, entre autres insignes de la SS et de références à Hitler. Teddy M. a ornementé son corps d’un imposant soleil noir sur l’épaule, le slogan «White Power» sur le bras ainsi qu’une totenkopf, l’emblème d’une division de la Waffen-SS notamment affectée à la garde des camps de concentration et d’extermination nazis.
IMPUNITÉ
L’armée est un corps encadré, surveillé, régimenté. Ces militants nazis ne passent évidemment pas inaperçus dans les unités. Ils bénéficient donc a minima de l’impunité de la hiérarchie, voire de sa bienveillance. À Médiapart, l’armée prétend que le commandement «ne peut tolérer par exemple une barbe ‘‘mal taillée’’ (contraire au règlement) ou un discours discriminant». Mais que dire dans ce cas des signes reprenant l’imagerie néonazie ?
CELLULES TERRORISTES
Un rapport d’Europol s’alarme que «l’ultra-droite européenne» soit «est en train d’embaucher dans les rangs des militaires». En novembre 2018, un caporal de l’armée britannique, Mikko Vehvilainen, a été condamné à huit ans de prison après avoir tenté de recruter auprès d’autres enrôlés pour le compte du groupe néonazi interdit Action Nationale. En Allemagne, une unité entière a été dissoute car elle comportait des néo-nazis. Et en France ? Des dizaines de cas identifiés par des journalistes n’ont visiblement pas attiré l’attention du ministère des Armées. Le journal écrit : «interrogé sur ce point, le ministère n’a pas répondu».
Ces militaires français d’extrême droite ont des liens avec les groupes armés urkrainiens. Plusieurs projets d’attentats prévus par d’anciens militaires néo-nazis ont été recensés en France. Pourtant, les services de renseignements se concentrent, de leur propre aveu, sur «l’ultra-gauche, les antifas et les défenseurs du climat». Pendant que la police et l’armée pullulent de fascistes qui préparent la guerre raciale, le simple port d’un gilet jaune ou la participation aux luttes sociales et écologistes est passible de prison.
Il est fascisme moins le quart.
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