«Valeurs Actuelles est un très bon journal, il faut le lire»
Emmanuel Macron
C’est la polémique du moment, qui risque sans doute d’être vite remplacée par une autre dans le tourbillon de l’information Spectacle : le journal d’extrême droite Valeurs Actuelles a publié des dessins et un récit raciste particulièrement abject, sur la députée noire Danièle Obono, qualifiée «d’africaine», représentée en esclave enchaînée. Un article ignoble. Un de plus. La presse fasciste teste les limites. Elle veut voir jusqu’où elle peut aller dans la fange. Quelques éléments :
Un journal ouvertement raciste
Cette provocation s’inscrit dans une longue série de couvertures et d’articles racistes et sexistes. Valeurs Actuelles a déjà été condamné pour «incitation à la haine» après une couverture infâme sur les Roms, et suscite régulièrement des polémiques par ses Unes ouvertement islamophobes, anti-féministes, diffamatoires… C’est même son fond de commerce.
Un journal qui a les faveurs de Macron
Un torchon d’extrême droite comme un autre ? Pas seulement : cette revue radicalisée et groupusculaire a les faveurs du président de la république française. Macron a choisi d’offrir une interview exclusive à Valeurs Actuelles en octobre 2019. Il avait même invité dans son avion personnel les journalistes d’extrême droite pour discuter avec eux. Lors de l’échange, il s’est complètement lâché, avec des remarques de nature Lepéniste, qui ont affolé le service com’ de l’Élysée. Pour rappel, dès 2016, Macron fréquentait le politicien d’extrême droite De Villiers, puis envoyait ses ministres au petit hebdomadaire Valeurs Actuelles dès le début de son mandat. Le 1er Mai 2020, Macron appelle pendant 45 minutes le chroniqueur d’extrême droite Zemmour, condamné pour «provocation à la haine raciale», pour le «soutenir». Derrière ces événements, c’est tout un petit monde privilégié où propriétaires de médias, pouvoir en place et fascistes se côtoient sur les plateaux télé.
Un journal possédé par des vendeurs d’armes
Le groupe éditeur de Valeurs Actuelles, Valmonde, a pour vice-président Olivier Dassault, député bien à droite depuis 1988 et président du conseil de surveillance du groupe Dassault, qui produit des avions militaires comme les Rafales. Le journal est la propriété d’un marchand d’armes libanais véreux soutenu par l’État français : Iskandar Safa. Il fabrique des navires de guerre sur ses chantiers de Cherbourg et les vend à des dictatures pétrolières. Il a combattu dans les milices lors de la sanglante guerre civile qui a déchiré le Liban dans les années 70. Ce journal qui agite en permanence un «péril islamiste» est donc possédé par un individu d’extrême droite qui signe des contrats énormes avec l’Arabie Saoudite – des patrouilleurs et des flottes de navires intercepteurs ces dernières années. Safa est milliardaire et lié à des sociétés offshore destinées à frauder le fisc. Bref, patron voyou, vendeur de mort aux dictatures pétrolières ET boss d’une revue bien raciste en France. La totale.
Une stratégie de guerre idéologique
N’oublions pas que ces provocations haineuses sont justement faites pour créer le scandale, elles font partie d’une stratégie. En réalité, l’audience de Valeurs Actuelles était très faible et même en déclin il y a quelques années. Le journal se nourrit des polémiques, qui permettent de pousser toujours plus à droite le curseur politique, en faisant passer la droite et l’extrême droite d’hier pour modérées. Le but est de droitiser toujours plus loin.
Un paysage médiatique pré-fasciste
Le journal n’est pas isolé. Lors d’une «convention» de l’extrême droite l’an dernier, les discours d’idéologues fascistes étaient retransmis en direct sur les chaînes d’infos. La quasi-totalité des chroniqueurs de Cnews et la plupart de ceux des autres chaînes, telles que BFM ou LCI, sont d’extrême droite. Les milliardaires qui possèdent les grands médias choisissent de basculer tout l’espace médiatique vers l’extrême droite.
«Liberté d’expression» ?
Leur «liberté» et leurs «débats» ne s’appliquent qu’à l’extrême droite. Les habitant-es des quartiers, les Gilets Jaunes, les révolté-es, les exilé-es, les précaires n’ont jamais la parole. Et quand ils la prennent, ils sont écrasé-es par la force ou discrédité-es à l’antenne. Nous avons donc affaire à une stratégie concertée : gouvernement et grands médias font délibérément monter le fascisme pour neutraliser les vraies oppositions et tuer toute mobilisation sociale porteuse de solidarité et d’émancipation.
Une enquête sur Valeurs Actuelles à lire sur BastaMag