Des blindés flambants neufs à 700.000 euros pièce. 14 milliards d’euros pour la «sécurité» en 2021
Il n’y a pas d’argent magique pour la santé, pas de moyens pour donner des masques aux écoliers, pas de sous pour payer décemment les ouvriers. Par contre, le gouvernement va débloquer des centaines de millions d’euros pour augmenter sa force répressive. Pour faire la guerre à sa propre population.
C’était une annonce du «schéma national du maintien de l’ordre» dévoilé récemment : l’arsenal lourd va être considérablement durci. Le rapport expliquait que «l’engagement de moyens aériens (hélicoptères, drones) devra être développé» et «les moyens spéciaux de type engins lanceurs d’eau ou véhicules blindés méritent d’être renforcés» puisqu’ils ont «prouvé leur intérêt».
Les blindés – en lexique officiel, les VBRG pour Véhicules blindés à roues de la Gendarmerie – ont été achetés après mai 68, dans les années 70. Ils n’ont quasiment jamais été utilisés en Métropole, sauf à de très rares occasions. Ils ont refait leur apparition tout récemment sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes ou contre les Gilets Jaunes. Le symbole de la militarisation du pouvoir.
La gendarmerie considère que sa flotte de blindés est «vieillissante» et que sur les 155 blindés, il n’en resterait plus que 80 opérationnels… Quelques blindés avaient été rénovés à prix d’or, et des véhicules de l’armée, les VAB – pour Véhicule de l’Avant Blindé – avaient été «adaptés» par les gendarmes. Des engins de guerre pour le maintien de l’ordre. Mais cela ne suffisait pas.
Le ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance vient de publier un dossier pour présenter les grandes lignes du projet de loi de finances 2021 et annonce que la Gendarmerie pourra acheter des blindés neufs l’an prochain. Au total, la mission «Sécurités» doit être dotée d’une enveloppe de 13,9 milliards d’euros, augmentée d’un milliard d’euros au titre du plan de relance pour le ministère de l’Intérieur. Pour la Gendarmerie nationale, c’est une hausse considérable de 42% des «dépenses d’investissement», fixées à 198 millions d’euros.
La gendarmerie mobile pourra acheter 89 blindés pour à peu près 65 millions d’euros. Prix à l’unité, autour de 700.000 euros. Les gendarmes se réjouissent déjà d’un «gain opérationnel sans équivoque, avec notamment une meilleure mobilité et la possibilité de mettre en œuvre de nouveaux moyens optroniques et armements non-létaux». Tout un programme. La firme française Arquus, propose un blindé militaire baptisé «Sherpa Light», utilisé par les armées du Chili, du Liban et du Koweï. L’entreprise Nexter Systems propose une version «gendarmisée» d’un Véhicule blindé multi-rôles. Des engins utilisés par l’armée de Terre, qui en a commandé 978 exemplaires d’ici 2030, pour ses opérations de guerre extérieure. L’un de ces deux modèles viendra renforcer la flotte répressive des gendarmes dans nos rues. Et ce programme s’accompagne du recrutement de plusieurs milliers d’agents.
L’ordre, ça rapporte !
Le dossier de presse complet ici : https://www.economie.gouv.fr/presse
Un magazine de gendarmes : https://www.pandore-gendarmerie.org/…/projet-loi-de-financ…/