Quand les mots sont vidés de leur sens : il n’y a eu ni «mortier», ni «attaque»
En France, le gouvernement et les médias relaient des fake news dignes de Donald Trump dans des millions de foyers. Dernière intox en date, la prétendue «attaque au mortier» d’un commissariat en banlieue parisienne. En elle même, l’expression «attaque au mortier», utilisée et réutilisée en boucle tout le week-end comporte déjà DEUX mensonges. Deux intox en trois mots seulement. Explications :
1 – Il ne s’agit pas de «mortiers»
Voici la véritable définition d’un mortier : «un mortier ou lance-mine est une arme légère d’artillerie, sans culasse, à mise à feu de l’obus par gravité, et de ce fait ne pouvant tirer qu’en tir proche de la verticale». Le «mortier» est donc une arme de guerre, utilisée lors des conflits armés, pour envoyer des obus. Ce week-end, un commissariat aurait-il reçu des obus tirés avec un canon militaire ? À entendre la totalité des médias le commissariat de Champigny aurait été visé au mortier… Pourtant, zéro blessé, ni explosion, ni destruction. Nous avons ici affaire à une intox de très très gros calibre, à un retournement du sens des mots. À la base, les syndicats policiers d’extrême droite ont désigné les feux d’artifice sous le nom de «mortiers» pour faire peur et manipuler l’opinion. Cette manipulation a été reprise et amplifiée par les médias aux ordres. Il n’y a évidemment jamais eu de «mortier», ni en manif, ni dans les quartiers, ni nulle part face à la police. Il s’agit de petits feux d’artifice colorés, qui au pire, font de la lumière et des étincelles. Absolument aucun risque, ni pour un mur en béton, ni pour un individu protégé par un casque, une carapace et un bouclier. Ces fusées sont d’ailleurs infiniment moins dangereuses que la moindre grenade lacrymogène tirée par la police. Et évidemment, sans commune mesure avec des balles de LBD, qui peuvent tuer, et qui sont pourtant envoyées par milliers sur des citoyens non protégés.
2- Il ne s’agit pas non plus d’une «attaque»
Il y a quelques jours, un jeune de 22 ans habitant dans le quartier de Champigny a été très gravement blessé lors d’une intervention policière. La journaliste Sihame Assbague rapporte que, alors qu’il circulait à moto avec un ami, il a été pris en chasse par une voiture de police. La patrouille l’a tamponné, provoquant un accident. «Ils nous ont chassés sur plusieurs mètres et après, à un moment, ils m’ont tamponné avec leur voiture. Ça m’a fait percuter un poteau et j’ai été éjecté loin» raconte le jeune homme, qui a notamment le fémur brisé sur le coup. Il sera emmené au commissariat puis finalement hospitalisé et opéré. Il est actuellement en fauteuil pour plusieurs semaines. Plusieurs militants associatifs investis dans cette cité fustigent l’ambiance dans le quartier : «c’est le résultat de tensions anciennes avec la police. Ça ne date pas d’hier». En résumé, ce que le gouvernement et les médias présentent comme une «attaque» serait en réalité une réaction plutôt dérisoire face à une énième violence policière grave, dont tout le monde sait qu’elle ne sera jamais sanctionnée.
Ni «attaque» gratuite, ni usage de «mortier», les médias dominants se sont encore surpassés ces derniers jours en fabriquant des mensonges, en nourrissant un climat pré-fasciste. L’infâme Darmanin a transformé l’évènement en psychodrame national, en allant réconforter les policiers, en annonçant l’interdiction des “mortiers”… Grotesque. En confondant délibérément des pétards en vente libre avec des armes de guerre, la police, la justice et les médias tentent de rendre acceptable qu’on tire des grenades explosives mortelles et des balles en caoutchouc sur la population. Comme s’il pouvait y avoir une équivalence avec la violence d’individu armés, protégés, entraînés et payés par l’État. Et cette opération est très inquiétante pour tout le monde. Alors faites le savoir.