De nombreuses résistances continuent d’éclore dans le pays nantais, contre les projets destructeurs sortis de la tête des aménageurs. Sur fond d’effondrement du vivant, ces luttes écologiques s’enracinent autour de la forteresse urbaine. Une cartographie des oppositions se dessine : tout le monde ne se retrouve pas dans le modèle métropolitain, inégalitaire, répressif, à base de start-ups et de vidéosurveillance.
USINES À GAZ
Deux projets d’usines à gaz sont prévues à Puceul, tout au nord de la Loire-Atlantique, et à Corcoué, tout au sud. À Puceul, le projet de construction d’une énorme unité de méthanisation, c’est à dire des centaines de tonnes de déjections animales fait l’objet d’une réunion publique en janvier dernier. Les habitants du coin ont fait part de le fortes inquiétudes. Entre temps, une usine à gaz a empoisonné l’eau potable de dizaines de milliers d’habitants dans le Finistère en août. A Corcoué, la riposte s’organise, avec une pétition à retrouver ici.
GRAND PORT INDUSTRIEL
Dans le prolongement de Saint-Nazaire, la ville de Donges est parsemée de zones portuaires et industrielles et d’usines SEVESO, notamment l’entreprise d’engrais YARA, extrêmement polluante et dangereuse. Les aménageurs veulent aggraver le désastre en étendant les industries sur 50 hectares de zones naturelles. Contre cette bétonisation, un « village du peuple » est occupé depuis des mois sur place. Il sert de lieu de rencontres, de lutte, de vie, et propose des légumes et des projets autonomes. Ce village autonome est menacé d’une répression imminente. Début septembre, une descente de gendarmes appuyés par un hélicoptère a eu lieu dans les maisons. Le Village du peuple
LE CARNET
Juste en face, au sud de la Loire, la zone naturelle du Carnet était prévue dès les années 1970 pour implanter une centrale nucléaire dans l’Estuaire. Projet heureusement empêché de haute lutte en 1997. Aujourd’hui, les décideurs reviennent à la charge, et veulent bétonner l’endroit pour un projet portuaire et industriel qu’ils appellent «parc éco-technologique». Le bétonage menace 110 hectares de zone naturelle, dont plusieurs dizaines de zones humides, abritant 116 espèces protégées. Les travaux de destruction des rives de la Loire ont déjà commencé discrètement. Une ZAD est née à la fin de l’été, les lieux sont occupées et quelques barricades entourent l’endroit. Le port maritime et la présidente très à droite de Région réclame déjà une opération d’expulsion et le démarrage des travaux immédiatement. La gendarmerie quadrille la zone. Collectif Stop Carnet
«SURF PARK»
Un projet aberrant à Saint-Père en Retz, une société veut implanter un «surf park», un bassin artificiel qui créera des fausses vagues pour les surfeurs, le tout à quelques kilomètres de l’océan. Un projet d’attractions pour riche hautement polluant, estimé à 15 millions d’euros, et qui détruirait 15 hectares. Sur place, la lutte se structure mais elle a dû faire face à des attaques conjointes de l’extrême droite, d’agriculteurs productivistes et de la gendarmerie. Aujourd’hui, le projet critiqué même par un collectif de surfeurs semble à l’arrêt. Les promoteurs se murent dans le silence. Une « enquête environnementale » est en cours.
PORT SUR DUNE
À Brétignolles, en Vendée, un élu veut absolument détruire une partie du littoral pour imposer son port haut de gamme. Un non sens économique et un désastre écologique. La lutte s’organise sur place : une ZAD est occupée en 2019, et repousse les travaux. Mais en plein confinement, la gendarmerie et une milice liée au maire vont attaquer les lieux et détruire les habitations. La situation sur place est incertaine.
NOTRE-DAME-DES-LANDES
Sur la zone qui a été le théâtre de toutes les résistances jusqu’en 2018, l’horizon est débarrassé d’un projet d’aéroport destructeur qui aurait dévoré des centaines d’hectares. L’abandon a mis à jour des déchirures, mais le bocage est toujours habité et la vie continue. Productions paysannes, rencontres et débats, expérimentations diverses et ravitaillement des luttes nantaises rythme la vie de ce morceau de landes arrachées au béton. ZAD NDDL Info
NANTES : UNE MYRIADE DE PROJETS
- Les autorités veulent déménager l’actuel CHU présent au cœur de la ville sur l’île de Nantes, en zone inondable. Coût prévu, 1 milliard d’euros minimum, c’est à dire «le CHU le plus cher de France». Peu pratique d’accès, hors de prix, inutile, ce nouveau CHU aura même plusieurs centaines de lits en moins que l’hôpital existant. Du délire.
- Quartier Chantenay, à l’ouest de la ville, un projet touristique et commercial «d’arbre aux hérons». La structure coûtera au moins 35 millions d’euros pour «développer l’attractivité de Nantes». Ses promoteurs parlent d’une «structure monumentale sur laquelle pourront déambuler et s’amuser 400 personnes» qui sera l’équivalent d’une «tour Eiffel du grand ouest». Ce projet qui va gentrifier tout le quartier est combattu par les habitants réunis dans un collectif : La Commune de Chantenay
- Les élus ont aussi programmé la probable destruction du square Daviais dans le centre-ville, sans doute pour encore plus de zones commerciales. Pour éviter la colère de la population, hostile à cette idée, le projet reste pour le moment volontairement opaque.
À suivre, et à compléter !
Cette première cartographie est extraite du dernier numéro de la revue Nantes Révoltée que nous vous invitons à lire et à diffuser, en écrivant à : nantesrevoltee.lejournal@riseup.net
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