Il y a deux ans : Zineb Redouane était tuée. Aujourd’hui : l’impunité


C’était il y a exactement deux ans : le 1er décembre 2018. Un jour de manifestation à Marseille. Les Gilets Jaunes et les manifestants pour le logement donnaient de la voix dans les rues. La police se déchaînait, tirait, tabassait. Dans ce contexte de terreur, Zineb Redouane, une octogénaire, qui regardait le cortège depuis son appartement, était frappée par des munitions tirées par la police. Très gravement blessée à la tête dans son appartement inondé de gaz, elle décédait le lendemain à l’hôpital.
Le point sur ce scandale d’État :


Christophe Castaner a osé affirmer dans les médias que la mort de Zineb Redouane n’avait pas été causée par l’action de la police, déclarant «qu’on n’accuse pas la police d’avoir tué quelqu’un». Et l’enquête s’est immanquablement enlisée.

Plus tard, grâce à des enquêtes indépendantes, notamment menées par Le Média, on apprenait que Zineb Redouane a probablement été atteinte par munitions tirées par les CRS. Qu’il s’agit probablement de tirs tendus qui visaient la fenêtre de l’octogénaire et qui lui ont fracturé le visage et blessé la poitrine

Les policiers ont «nettoyé» la scène du crime immédiatement, en allant récupérer les projectiles directement dans l’appartement de Zineb Redouane, alors agonisante. Puis la compagnie impliquée a refusé de faire expertiser leurs armes pour qu’on puisse déterminer qui a tiré. Une entrave totale à la justice qui enverrait n’importe qui en prison. Ces CRS n’ont jamais été sanctionnés.

Le procureur en charge du dossier était avec les CRS qui ont tiré au moment des faits, habillé en tenue de ninja, il participait au maintien de l’ordre. Une confusion hallucinante prouvée par des photos de procureur déguisé en flic. Le magistrat a depuis été dessaisi du dossier.

Le chef des CRS récompensé ! Après tous ces scandales, le responsable n’est pas sanctionné mais il est même félicité et récompensé au sommet de l’État. Le capitaine Bruno Félix, qui dirigeait l’unité de CRS responsables de la mort de Zineb Redouane, a obtenu en septembre une promotion exceptionnelle, le commandement de la CRS 46, la compagnie de CRS de Lyon. Un poste très convoité et une montée rapide au sein des CRS. Ce n’est pas la première fois que le capitaine, qui avait contribué à entraver l’enquête de l’IGPN, jouit des faveurs de sa hiérarchie. Le 16 juin 2019, l’ancien ministre de l’Intérieur Christophe Castaner lui remettait la médaille de la sécurité intérieure, qui récompense «un engagement exceptionnel» et «des services particulièrement honorables».

Non seulement la police est responsable du décès d’une grand-mère, mais elle a aussi commis un grand nombre d’actes illégaux pour étouffer l’enquête. Comme une mafia. Et en plus de cela, le responsable de la tragédie est promu par l’État. Toute dans cette affaire est gravissime et écœurant. Malgré l’enquête indépendante accablante réalisée par Forensic Architecture, qui montre la responsabilité du tireur, la justice est au point mort.

N’oublions pas la mort de Zineb Redouane.

Parlons-en.

Ce samedi, ses proches vont manifester à Marseille.


Sources :

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