“Black bloc” et manipulations : en finir avec les thèses fictives


Avec la loi Sécurité Globale, c’est le retour des manifestations d’ampleur et donc des thèses complotistes sur le “black bloc”. Il est donc nécessaire de faire un énième rappel sur ce mouvement qui concentre fantasmes et avidité des médias.


1. Le “Black bloc” n’est pas un groupe organisé

Ce n’est même pas un groupe du tout. C’est un type d’approche des mouvements contestataires, avec des manifestant-es qui partagent des convictions libertaires et anticapitalistes et qui se confondent avec le reste du cortège. Si aujourd’hui, derrière ces deux mots, l’opinion public y associe toute personne en noir qui “casse”, il s’agit plus exactement d’une masse de manifestant-es, autonomes, ayant choisi de manière personnelle une stratégie pour participer aux manifestations : le propre de ces manifestant-es est de manifester de manière groupée et anonyme, c’est-à-dire masquée.

Pourquoi ? Il y a plusieurs raisons. D’une part, parce qu’il existe une répression policière et judiciaire. On se passe de détails sur les violences policières et les arrestations arbitraires, mais rappelons déjà que le nombre de garde-a-vue a explosé ces dernières années et que les arrestations préventives (avant même les manifestations) sont devenues monnaie courante.

D’autre part, parce que manifester contre l’État, c’est être ensemble. C’est être solidaires. Ainsi, se masquer à plusieurs permet de ne plus faire la différence entre les manifestant-es et d’être considéré comme un tout. De nombreuses personnes  au sein du cortège de tête ne participent pas à des dégradations ou à l’offensivité contre la police, pour des raisons qui leur sont propres, mais sont tout de même masquées. Cela permet de protéger les autres personnes qui ont une apparence identique. C’est un effet de masse qui permet la solidarité.

2. Les “black blocs” ne sont pas financés

Ni par le gouvernement, ni par l’Union Européenne, ni par Soros. C’est un pur fantasme. Tout simplement parce que ce n’est pas un groupe, mais comme dit précédemment, des manifestant-es autonomes dont le point commun est d’adapter une tenue anonymisante en manifestation. Il n’existe pas de “structure black bloc” subventionnée par quiconque.

3. Les “Blacks blocs” ne sont pas au service du gouvernement

Certains soutiennent que les black blocs recevraient des ordres ou, inversement, que la police aurait ordre de les laisser faire. C’est totalement faux. Ils et elles ne sont pas des prestataires de service… Il faut non seulement savoir que les forces de l’ordre n’ont pas toujours les bonnes stratégies pour contrer les manifestant-es (et tant mieux), qu’elles sont parfois dépassées (comme à Rennes et Paris récemment) et que les “participant-es” au black bloc parviennent à établir un rapport de force qui empêche la police d’intervenir comme elle le voudrait. On ne peut que s’en féliciter. D’autre disent que les “casseurs” sont des policiers infiltrés, ce qui est tout aussi fantaisiste. Si les flics utilisent régulièrement l’infiltration pour repérer ou piéger des manifestant-es, ils ne constituent en rien les “casseurs”. Nous vous redirigeons vers nos articles déjà rédigés à ce propos ici et .

Le “Black bloc” n’est pas une “milice de l’oligarchie”. C’est même tout le contraire. Le but est bien d’établir un rapport de force contre l’État et d’affaiblir les symboles du capitalisme et du gouvernement.

4. Les “Black blocs” ne bénéficient pas d’une “impunité”

C’est même un mensonge grave que d’affirmer que les manifestant-es apparenté-es au “black bloc” ne subissent pas la répression. Nombreux-ses sont celles et ceux qui ont subi les conséquences de la loi “anti casseurs” en vigueur depuis mars dernier, enfermé-es, condamné-es pour avoir été masqué-es. D’autre ont pris des mois voire des années de prison ferme pour des dégradations légères, ou une caillou qui a rebondi sur le casque d’un CRS. On ne compte plus les manifestant-es arrêté-es, poursuivi-es, mis-es en examen pour “groupement en vue de commettre des dégradations” voire même “association de malfaiteurs”, un chef d’inculpation qui se multiplie à l’égard des militant-es (plusieurs affaires à Toulouse, Bordeaux ou Nantes).

Le “black bloc” est un ensemble de manifestant-es déterminé-es à faire plier le pouvoir en adoptant une même façon de manifester. Cessons les complots et les mensonges.


Les vrais casseurs sont en costard et en uniforme


photo : Maka (Nantes Révoltée)


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