Nantes est «un territoire pas comme les autres» pour le nouveau chef de la police

Il y a quelques jours, nous vous parlions de la mutation forcée du patron de la police de Loire-Atlantique sous la pression des éléments les plus radicaux des agents de Nantes. En gros, les policiers reprochaient à leur chef de n’être pas assez répressif et de ne pas les soutenir assez inconditionnellement. En 48 heures de manifestations armées et nocturnes, ils obtenaient la tête de leur chef.

Le nouveau boss s’appelle Nicolas Jolibois, et il débarque du Pas-de-Calais, où il a supervisé le harcèlement des réfugiés. Dans une interview, il explique : «Nantes est un territoire pas comme les autres, beaucoup plus agité que celui que j’ai connu précédemment […] Le commissariat de Nantes a subi beaucoup d’épreuves avec une tradition de manifestations lourdes, un maintien de l’ordre complexe». Des mots aussi flatteurs qu’inquiétants, car il annonce d’entrée de jeu sa volonté de mater les contestations sociales, et en fait une priorité.

Si notre département «est un territoire pas comme les autres» c’est aussi par ses inégalités grandissantes. Des poches d’extrême richesse sur la côte, à La Baule, par exemple, non loin de zones de grande précarité. Une bourgeoisie séparatiste qui privatise ses espaces à Nantes comme dans la campagne, en particulier le long de l’Erdre. Des agressions d’extrême droite très violentes et quasiment jamais punies. Tout cela, Nicolas Jolibois n’en parle pas.

Il a aussi déclaré qu’«il y a de grosses préoccupations d’ordre public puisqu’il y a des manifestations qui se répètent, beaucoup sont violentes, avec des conséquences pour les personnes, les policiers surtout». On notera la pudeur avec laquelle sont évoquées les «conséquences» du maintien de l’ordre pour la population. C’est-à-dire un jeune mort noyé, des centaines de blessés, des dizaines de mutilés, des vies détruites. Pour Jolibois, les conséquences concernent «surtout» pour les policiers légèrement blessés. De même, il parle d’un «maintien de l’ordre complexe» pour désigner, en réalité, le déploiement systématique de centaines d’hommes armés dans notre ville pour empêcher les défilés.


Quand s’arrêtera l’escalade ? Quand les gouvernants écouteront-ils les revendications légitimes de la population plutôt que d’y répondre uniquement par la violence ? Pas en 2021 visiblement.


L’interview du nouveau directeur de la police

L’histoire rocambolesque de la mutation de son prédécesseur

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