Grèce, Turquie : jeunesse en lutte !

Grèce

Depuis plusieurs semaines en Grèce, des milliers d’étudiants se mobilisent contre une loi visant à introduire une force policière au sein des universités du pays. Les ministères de l’Éducation et de la Protection du citoyen présentaient un projet de loi voulant instaurer un corps spécial d’un millier de policiers pour patrouiller dans les universités armés de gazeuses et de bâtons. De l’aveu même du porte-parole du gouvernement Christos Tarantilis, sont directement visés par cette loi sécuritaire tous les groupes politiques s’organisant dans les universités contre les politiques libérales du gouvernement conservateurs. «Les choses doivent changer», «à cause de la violence et de l’anarchie, les universités grecques ont du mal à évoluer», a-t-il annoncé lors d’un point presse à la mi-janvier.

Au pouvoir depuis plus d’un an et demi, le parti de droite Nouvelle Démocratie de Kyriakos Mitsotakis qui n’hésite pas à nommer des ministre d’extrême droite, a fait de «la sécurité une priorité» et entend mettre au pas la contestation sociale. Cette loi s’inscrit dans un contexte général de criminalisation de la gauche révolutionnaire grecque. Mais la jeunesse ne baissent pas la tête. Des manifestations massives et des affrontements avec la police ont eu lieu à Athènes, Thessalonique ou encore Patras.

Turquie

Il y a un mois, le président nationaliste Recep Tayyip Erdogan nommait un proche de son parti – l’AKP, de droite extrême – au poste de recteur de l’une des plus prestigieuses universités du pays, l’université du Bosphore à Istanbul. Cet îlot de résistance que constituait l’Université Bogazici qui n’était pas encore sous la coupe du régime est aujourd’hui en péril. La colère ne s’apaise pas chez les étudiants et les enseignants qui multiplient les manifestations pour exiger la démission du recteur. Le mouvement est durement réprimé par la police et de nombreuses arrestations sont à déplorer. Les autorités turques se répandent en invectives pour tenter de marginaliser la contestation.

Erdogan et ses ministres traitent de «vandales», «terroristes» et «détraqués LGBT» les contestataires. De leur côté, les étudiants assurent que ces propos nauséabonds renforcent le soutien au mouvement et les rejettent comme le dit une étudiante, Symai, étudiante d’une université privée d’Istanbul : «Cette façon de faire de la politique me révulse. Comparer nos camarades à des terroristes, s’en prendre à travers eux aux étudiants LGBT, c’est stupide, c’est un manque de respect total. Il serait temps qu’on apprenne dans ce pays à respecter les LGBT autant qu’on respecte les personnes pieuses».

La crise est partie pour durer avec un pouvoir autoritaire qui jure de ne pas reculer. Malgré une forte répression devenue monnaie courante en Turquie à l’égard de toute forme d’opposition le mouvement étudiant promet de ne pas renoncer à leur unique revendication : l’élection d’un nouveau recteur.


Refus de la police sur les campus, refus d’une université soumise et contrôlée par le pouvoir : ces problématiques résonnent ici, chez nous, avec un gouvernement Macron qui mène des politiques comparables. La jeunesse française s’inspirera-t-elle des résistances grecque et turque ? À suivre !


Les quatre premières photos sont prises à Athènes, les suivantes à Istanbul.

AIDEZ CONTRE ATTAQUE

Depuis 2012, nous vous offrons une information de qualité, libre et gratuite. Pour continuer ce travail essentiel nous avons besoin de votre aide.

Faites un don à Contre Attaque, chaque euro compte.