Dans un article du vendredi 19 février, Libération revient sur un cas de violence policière gravissime passée relativement inaperçue datant du mois de novembre dernier.
Dans la nuit du 13 au 14 Novembre 2020, Mohamed O, 20 ans, se rend avec ses amis à la soirée de Joinville-le-Pont. Une soirée que les mesures du couvre-feu classent comme «clandestine». Dans la salle qui accueille la petite fête, des tables et des chaises en guise d’ameublement et une piste de dancefloor pour égayer la vie d’une jeunesse sacrifiée qui vit sous un régime quasi-permanent de mesures restrictives, de confinement et couvre-feu depuis maintenant un an.
«On était qu’en début de soirée, l’ambiance était calme», dira un ami de Mohamed présent sur place. Alors que la soirée vient à peine de commencer, les flics débarquent de manière fracassante. Tirs de grenades lacrymogènes et de grenades de désencerclement dans un lieu clos. Un geste criminel.
L’intervention policière provoque une peur panique chez les fêtards qui ne comprennent pas une telle brutalité. C’est à ce moment précis que le jeune homme voit la grenade tomber sur le sol à quelques centimètres de lui quand elle explose. «La grenade, je l’ai vue, elle est presque arrivée à mes pieds». Après, c’est la confusion et une douleur extrême. «Je lui dis de fermer son œil. Il me demande tout de suite s’il l’a perdu» se souvient un participant de la soirée.
Les policiers ne porteront évidemment pas assistance à cet étudiant lourdement blessé au visage. Mathieu, un ami de la victime interpelle les fonctionnaires : «Vous êtes content, mon pote il a perdu son œil à cause de vous !». L’un des flics rétorque avec l’abjection qui les caractérise : «Il lui en reste un». Mohamed s’éloignera de la fête pour appeler lui-même les secours. Plus tard, à l’hôpital, un médecin lui annonce qu’il a perdu définitivement l’usage de son œil.
Une nouvelle fois, la machine infernale se met en branle pour protéger les policiers. Comme pour l’affaire Steve, on accuse les fêtards. C’est le régime de l’inversion. La préfecture parlera «d’individus hostiles» et le procureur ouvrira une enquête pour «violence sur personnes dépositaires de l’autorité publique» ! Nouvelle conclusion d’une répression policière et judiciaire d’un événement festif. Un jeune tué à Nantes, des arrestations en série pour un réveillon, un mutilé pour une soirée. Des grenades dans une pièce fermée, au risque de tuer de nombreuses personnes. Nous en sommes là. Logique mortifère et fasciste contre la fête et la jeunesse.
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